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Le , après que le président bolivien Evo Morales a accordé en Russie une interview durant laquelle il a proposé d'offrir l'asile à Edward Snowden qui s'y trouve, l'avion qui le transporte est dérouté vers l'Autriche après que la France, l'Espagne et l'Italie lui ont interdit l'accès à leur espace aérien.

L'Espagne, la France et l'Italie (en rouge) refusent l'autorisation de traverser leur espace aérien. Risquant d'être à court de carburant, l'avion doit atterrir en Autriche (jaune).
L'Espagne, la France et l'Italie (en rouge) refusent l'autorisation de traverser leur espace aérien. Risquant d'être à court de carburant, l'avion doit atterrir en Autriche (jaune).

Une importante polémique s'ensuit.


Contexte


Le 1er juillet 2013, lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision RT en marge d'une conférence des pays exportateurs de gaz en Russie, le président bolivien Evo Morales évoque son intention d'offrir l'asile à Edward Snowden[1] qui se trouve alors en Russie. Snowden est un lanceur d'alerte qui, un mois plus tôt, a dévoilé des programmes de surveillance internationale secrète et généralisée développés et mis en œuvre par la National Security Agency : ces révélations lui valent de faire l'objet de poursuites criminelles aux États-Unis.


Escale forcée


Le président bolivien Evo Morales.
Le président bolivien Evo Morales.

Le lendemain de cette interview, le Dassault Falcon 900 de Morales qui doit le ramener de Russie en Bolivie, décolle de l'aéroport de Vnoukovo. Le vol doit se dérouter vers l'Autriche après que la France, l'Espagne et l'Italie[2] lui ont signifié leurs refus d'accès à leurs espaces aériens officiellement motivés par des raisons techniques, mais en fait par crainte que Snowden soit à bord et que les États-Unis leur reprochent de permettre son transfert[3] : ces refus d'accès sont vivement dénoncés par la Bolivie, l'Équateur et d'autres pays d'Amérique du Sud[4],[5]. Dans un enregistrement sonore présenté comme une conversation entre l'équipage bolivien et la tour de contrôle de Vienne, on entend le pilote demander à atterrir en Autriche en raison du faible niveau de carburant restant[6].

L'atterrissage est autorisé, mais le vice-chancelier autrichien, Michael Spindelegger, déclare que l'avion a fait l'objet d'une perquisition. Le ministre bolivien de la Défense, pour sa part, nie qu'une perquisition ait été effectuée, affirmant que Morales avait interdit l'accès de son avion aux autorités autrichiennes[6],[7].

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José García-Margallo, confirme publiquement avoir été informé que Snowden était bien à bord, sans préciser la source de ses informations[3].

Le président autrichien, Heinz Fischer, vient saluer le président Morales dans son avion et petit-déjeune avec lui. L'avion redécolle après que les autorités autrichiennes ont confirmé qu'Edward Snowden ne se trouvait pas à bord[8]. Snowden n'avait en fait pas quitté l'aéroport de Cheremetievo, où il était bloqué depuis son arrivée en Russie une semaine plus tôt[6].


Excuses et explications


La France s'excuse immédiatement pour l'incident par les voix de son président François Hollande et de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius[9],[10]. Les explications des autorités ne satisfont pas une bonne partie de la classe politique française, qui dénonce, à gauche comme à droite, un « asservissement de la France aux intérêts américains »[11]. L'ambassadeur d'Espagne en Bolivie s'excuse deux semaines plus tard, invoquant des « procédures inappropriées »[12]. Les Italiens et les Portugais envoient des « notes explicatives » au gouvernement bolivien[13].

Le 3 juillet, Jen Psaki, porte-parole du département d'État américain, reconnait que les États-Unis ont été en contact avec différents pays par lesquels Edward Snowden aurait pu transiter, voire faire escale[14],[15].


Désinformation par Julian Assange


En avril 2015, le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, déclare avoir délibérément diffusé les fausses informations selon lesquelles Edward Snowden se serait trouvé dans l'avion présidentiel bolivien, afin de mettre les services secrets américains sur une fausse piste[16]. En réponse, l'ambassadeur de Bolivie en Russie demande à Julian Assange de s'excuser pour avoir mis en danger la vie d'Evo Morales et des occupants de l'avion[17]. Interviewé en août 2015 par le journal bolivien El Deber, Assange indique que Wikileaks et le gouvernement du Venezuela ont discuté de la possibilité d'exfiltrer Snowden hors de la Russie à bord de l'avion présidentiel du Venezuela ou de la Bolivie. Assange affirma n'avoir pas lui-même communiqué avec les Boliviens et ne pas savoir si le gouvernement bolivien était au courant de ces négociations ; selon lui, le Venezuela aurait dû avertir la Bolivie[18].

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, réaffirme le droit de tout chef d'État se déplaçant en avion à l'immunité et à l'inviolabilité.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, réaffirme le droit de tout chef d'État se déplaçant en avion à l'immunité et à l'inviolabilité.

Conséquences


À la suite de cet incident, sept pays d'Amérique latine : Bolivie, Argentine, Cuba, Équateur, Nicaragua, Uruguay et Venezuela, expriment leurs préoccupations au Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui rappelle qu'un chef d'État se déplaçant en avion jouit de l'immunité et de l'inviolabilité[19]. Ban Ki-moon souligne l'importance de prévenir que de tels incidents se reproduisent à l'avenir[19].

Le 20 septembre 2013, Evo Morales annonce une action en justice internationale contre le gouvernement américain pour avoir bloqué à plusieurs reprises des vols présidentiels, par exemple en retardant l'autorisation de survoler Porto Rico pour l'avion présidentiel vénézuélien ; les autorités américaines indiquent que le président vénézuélien Nicolás Maduro, en route pour Pékin en vue d'entretiens bilatéraux avec la République populaire de Chine, aurait dû donner un préavis de trois jours[20].


Voir aussi



Références


  1. (es) El Mercurio On-Line, « Evo Morales se abre a ceder asilo a Edward Snowden si lo solicita » [archive du ], El Mercurio On-Line, (consulté le )
  2. (pt) Sol-Autor Lusa, « Portas: Portugal autorizou o sobrevoo de Morales » [archive du ], Sol, (consulté le )
  3. British Broadcasting Corporation, « Spain 'told Edward Snowden was on Bolivia president's plane' » [archive du ], British Broadcasting Corporation, (consulté le )
  4. Philipp-Moritz Jenne et Carlos Valdez, « Bolivian leader's plane rerouted on Snowden fear » [archive du ], The Big Story, Associated Press, (consulté le )
  5. Catherine E. Shoichet, « Bolivia: Presidential plane forced to land after Snowden rumors » [archive du ], Cable News Network, (consulté le )
  6. Max Fisher, « Evo Morales’s controversial flight over Europe, minute by heavily disputed minute » [archive du ], The Washington Post, (consulté le )
  7. Angelika Gruber et Emma Farge, « Snowden still in Moscow despite Bolivian plane drama » [archive du ], Reuters, (consulté le ) : « "Austrian Deputy Chancellor Michael Spindelegger said Morales personally denied that Snowden was aboard his jet and agreed to a voluntary inspection. "Based on this invitation from Bolivia, a colleague boarded the plane, looked at everything and there was no one else on board," Spindelegger told reporters. But Bolivian Defence Minister Ruben Saavedra said Morales's plane was not searched because Morales had refused Austrian authorities entry." »
  8. Sara Shahriari, Jonathan Watts et Dan Roberts, « Bolivia complains to UN after Evo Morales' plane 'kidnapped' » [archive du ], The Guardian, (consulté le )
  9. (es) « Francia se disculpa con Evo Morales », Aristegui Noticias, (lire en ligne)
  10. Al Jazeera, « France apologises to Bolivia over jet row » [archive du ], Al Jazeera, (consulté le )
  11. « Avion de Morales: embarrassée, la France présente ses "regrets" », L'Obs avec l'AFP, (lire en ligne)
  12. Daniel Ramos, Caroline Stauffer et Paul Simao, « Spain apologizes to Bolivia for presidential plane delay » [archive du ], Reuters, (consulté le )
  13. « Caso Snowden-Morales, le "note esplicative" di Italia e Portogallo », Atlas
  14. Jen Psaki, « Daily Press Briefing - July 3, 2013 » [archive du ], state.gov, US Department of State, (consulté le )
  15. Oliver Laughland, Helen Davidson, Haroon Siddique et Paul Owen, « US admits contact with other countries over potential Snowden flights – as it happened » [archive du ], The Guardian, (consulté le )
  16. « L’incroyable cavale d’Edward Snowden », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  17. teleSUR / OA-gp, « The Bolivian ambassador to Russia asked Julian Assange to apologize to the president for having put his life at risk in July 2013. », teleSUR / OA-gp, (consulté le )
  18. « Julian Assange: Wikileaks negoció con Maduro para que Snowden viaje con Evo. » [archive du ], (consulté le )
  19. United Nations, « Latin American nations voice concerns to Ban over rerouting of Bolivian leader's plane » [archive du ], United Nations, (consulté le )
  20. Huffington Post, « Bolivian President to sue U.S. Government for Crimes against Humanity » [vidéo] 2:25 Min, Huffington Post, (consulté le )

На других языках


[en] Evo Morales grounding incident

On 1 July 2013, president Evo Morales of Bolivia, who had been attending a conference of gas-exporting countries in Russia, gave an interview to the RT television network in which he appeared predisposed to offer asylum to Edward Snowden.[1] The day after his TV interview, Morales' Dassault Falcon 900 FAB-001, carrying him back to La Paz from Moscow, took off from Vnukovo Airport, flew uninterrupted over Poland and the Czech Republic, but then unexpectedly landed in Vienna, Austria.
- [fr] Atterrissage forcé de l'avion présidentiel bolivien en 2013

[ru] Инцидент с посадкой самолёта Эво Моралеса в Вене

1 июля 2013 года президент Боливии Эво Моралес, присутствовавший на конференции стран-экспортеров газа в России, дал интервью телеканалу RT, в котором дал понять, что расположен предложить убежище Эдварду Сноудену[1]. На следующий день после его телеинтервью Dassault Falcon 900 FAB-001 Моралеса, доставивший его из Боливии в Россию, вылетел из аэропорта Внуково, беспрепятственно пролетел над Польшей и Чехией и приземлился в Вене после того, как пилоты запросили аварийную посадку из-за проблем с индикатором уровня топлива и, как следствие, невозможности подтвердить достаточное количество топлива для продолжения полета[2].



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