Le , l'Avro RJ85 du vol LaMia 2933, transportant l'équipe de football brésilienne de Chapecoense entre Santa Cruz de la Sierra (en Bolivie) et Medellín (en Colombie), s'écrase sur une colline, à court de carburant, avec 77 personnes à son bord, dont seules 6 survivent au crash. Le club s'apprêtait à disputer à Medellín le match aller de la finale de la Copa Sudamericana 2016 face à l'Atlético Nacional.
Vol LaMia 2933 | |||
![]() Le British Aerospace 146 de l'accident, photographié ici en 2013. | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
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Date | |||
Type | Panne de carburant | ||
Causes | Mauvaise préparation et gestion du vol. Pilotes mal formés en situations d'urgence conduisant à de multiples erreurs de pilotage | ||
Site | Cerro Gordo, dans la commune de La Unión, en Colombie. | ||
Coordonnées | 5° 58′ 44″ nord, 75° 25′ 08″ ouest | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | Avro RJ85 | ||
Compagnie | LaMia | ||
No d'identification | CP-2933 | ||
Lieu d'origine | Aéroport international de Viru Viru, Santa Cruz de la Sierra (Bolivie) | ||
Lieu de destination | Aéroport international José-María-Córdova, Medellín (Colombie) | ||
Passagers | 68 | ||
Équipage | 9 | ||
Morts | 71 (dont un décédé à l’hôpital) | ||
Survivants | 6 | ||
Géolocalisation sur la carte : Colombie
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L'avion est un Avro RJ85 de la compagnie LaMia[1]. Selon un porte-parole du constructeur BAE Systems, l'avion a été mis en service en 1999[2]. Il a été acheté en 2013 par LaMia, l'avion ayant préalablement servi à deux autres compagnies aériennes[2] : Mesaba Airlines (1999-2007) et CityJet (2007-2013)[3].
Le vol était initialement programmé sur un Airbus A320, direct depuis São Paulo jusqu'à Medellín, mais ce dernier, immatriculé en Bolivie, n'a pas reçu l'accord de l'aviation civile colombienne, les accords internationaux exigeant que l'avion soit immatriculé dans le pays de départ ou d'arrivée[4].
Le pilote signale être à court de carburant et d'électricité alors qu'il se trouve à 8,2 nautiques de la piste (15,2 km). Le contrôle au sol lui demande alors de monter au-dessus des 10 000 pieds nécessaires pour passer au-dessus du Cerro Gordo (Gros pic) avant d'amorcer une descente en urgence sans instrument.
Puis l'avion s'écrase sur Cerro Gordo, une colline située à cinq minutes de la piste de l'aéroport international José-María-Córdova à une altitude de 3 300 m. L'arrière de l'avion a heurté le sol en premier, de sorte que la queue était au sommet de la montagne tandis que le fuselage et le cockpit étaient plus bas.
D'après une hôtesse de l'air rescapée, l'avion souffrait de problèmes électriques, mais il est tombé en panne de carburant aviation, cet avion n'étant pas certifié pour des vols sur cette distance. La distance entre les deux aéroports est de 2 972 km, soit 10 km de plus que l'autonomie maximale de l'Avro RJ85, de 2 962 km, et 272 km de plus que la distance pour laquelle il est certifié (2 700 km). De plus, la situation complexe à l'approche de Medellín et au-dessus du Cerro Gordo a obligé le contrôle à mettre des avions en attente. Le vol 2933 a alors demandé un atterrissage prioritaire, alors que le vol 8170 de VivaColombia avait également demandé un atterrissage d'urgence[5]. L'enquête confirme en qu'il manquait 2,3 tonnes de carburant pour assurer en toute sécurité cette liaison[6].
Outre le problème de distance, de nombreuses erreurs dans la préparation du vol ont été détectées. Le vol avait déclaré une escale à Cobija (Bolivie) afin de refaire le plein de carburant mais il ne s'y est pas posé, sans que l'on sache pourquoi. Par ailleurs le pilote — et directeur de la compagnie aérienne — tarde à admettre la gravité de la situation, ce qui retarde son atterrissage en urgence de neuf minutes, temps pendant lequel il a parcouru deux boucles d'attente d'environ trente kilomètres, alors qu'il ne se trouvait qu'à quinze kilomètres de la piste[7].
L'avion s'est écrasé en haute montagne, dans un lieu difficile d'accès. Un des survivants, Erwin Tumiri, raconte que pendant la chute finale de l'avion, beaucoup de passagers paniqués se sont levés de leur siège en pleurant et en criant. Lui-même se met en position de sécurité et cale ses jambes avec une valise, ce qui lui sauve probablement la vie[8].
L'avion transportait 77 personnes à son bord : 68 passagers et neuf membres d'équipage. Six survivants ont été retrouvés[9].
Alors que le bilan officiel est initialement de 75 morts, les autorités revoient ce chiffre à la baisse le lendemain et font état de 71 morts. En effet, quatre personnes figurant sur la liste des passagers n'étaient finalement pas montées à bord[2].
L'équipe de Chapecoense devait jouer le match aller de la finale de la Copa Sudamericana 2016 contre le club de l'Atlético Nacional[10]. Parmi les passagers se trouvaient également de nombreux journalistes.
Sept passagers ont survécu au crash, mais Marcos Danilo Padilha est mort lors du transport à l'hôpital[11]. Parmi ceux-ci figurent trois joueurs de Chapecoense : le défenseur de 27 ans Alan Ruschel, Jakson Follmann (amputé de la jambe droite) et Neto. Les trois autres survivants sont un journaliste, Rafael Valmorbida, et deux membres de l'équipage, Ximena Suarez et Erwin Tumiri[12]. Le technicien Erwin Tumiri, sorti indemne, a pu témoigner le premier sur l’accident. Il doit sa survie non pas à la chance mais au fait qu'il a eu la présence d'esprit de se mettre en position de sécurité, alors que dans la panique la plupart étaient debout et criaient[13]. Un rescapé est gravement blessé à la colonne vertébrale et pourrait rester paraplégique tandis qu'un autre a dû être opéré. Le journaliste brésilien Ivan Agnoletto avait laissé sa place à un autre journaliste et ami de longue date qui n'a pas survécu.
Nationalité | Passagers | Équipage | Total |
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![]() | 52 | ||
![]() | 5 | ||
![]() | 1 | ||
![]() | 1 | ||
Non identifiés | 18 | ||
Total | 68 | 9 | 77 |
Footballeurs de l'équipe de Chapecoense :
Autres :
Le jour même, les autorités brésiliennes annoncent un deuil national de trois jours. Michel Temer, président du Brésil, déclare : « Je veux exprimer ma solidarité en ce triste moment où la tragédie déchire des dizaines de familles brésiliennes. Le gouvernement fera tout ce qu'il peut pour soulager la douleur des amis et de la famille du sport et du journalisme[14] ».
À la suite du crash, la finale de la Copa Sudamericana 2016, prévue pour le (match aller) et le (match retour), est reportée à une date indéterminée[15]. L'adversaire de la finale, l'Atlético Nacional, demande même à la Confédération sud-américaine de football d'attribuer le titre à l'équipe de Chapecoense, en hommage aux membres de l'équipe, disparus[16]. La Confédération accepte le et décerne le titre à Chapecoense, et remet à l'Atlético Nacional le prix « Centenaire Conmebol au fair-play », doté d'une récompense d'un million de dollars américains[17].
Le , la justice colombienne annonce avoir arrêté Gustavo Vargas, directeur général de LaMia et deux employés et vouloir les interroger pour des charges de négligence criminelle. Le procureur général n'exclut pas que les charges pourraient être requalifiées en homicide volontaire. Six personnes sont interrogées par la justice dans le cadre de l'affaire, dont la contrôleuse aérienne. Celle-ci explique avoir demandé une modification du plan de vol pour y insérer un arrêt ravitaillement, mais que sa demande aurait été refusée[18].
Selon des déclarations de l'avocat du copilote à une agence de presse le pilote n'aurait pas eu à son actif le nombre requis d'heures de vol pour être autorisé à prendre les commandes de l'avion. Le ministre colombien de la défense explique pour sa part que c'est pour des raisons d'économie que le pilote aurait renoncé à faire une escale intermédiaire pour se ravitailler en carburant[19].
Pour des raisons inconnues, le CVR (Cockpit Voice Recorder) a cessé d'enregistrer une heure et quarante minutes avant le FDR (Flight Data Recorder), alors que l'avion se trouvait encore à environ 550 nm (1 020 km) du lieu de l'accident. Selon certains spécialistes, l'équipage aurait délibérément déconnecté l'enregistreur de vol. Cependant, selon le rapport final de l'enquête, cette théorie apparaît comme « très improbable » alors que les enquêteurs indiquent qu'il s'agirait plutôt d'une défaillance mécanique inconnue qui aurait amené l'enregistreur à s'arrêter brutalement. De plus, dans le rapport final, les enquêteurs indiquent : « il convient de noter que, selon les critères techniques caractéristiques du fonctionnement de l’équipement [de l'avion], il n’est pas possible d’effacer le CVR en [plein] vol »[20].
Les derniers échanges sont les suivants[21] :
« Pilote : Mademoiselle, LaMia 933 est en perdition totale, arrêt électrique total, sans carburant.
Tour de contrôle : La piste est libre ; nous attendons de la pluie, LaMia 933. Les pompiers sont alertés.
Pilotes : Vecteurs, mademoiselle, vecteurs vers la piste.
Tour de contrôle : Le contact radar est perdu, je ne l'ai pas, indiquez-moi votre route.
Pilote 933 : Nous sommes sur une route 3-6-0, route 3-6-0.
Tour de contrôle : Virez à gauche 0-1-0 et lancez la localisation du VOR [...] Rionegro à 1 NM avant El Bora [village] je confirme par la gauche route au 3-5-0
Pilote 933 : À gauche 3-5-0 mademoiselle
Tour de contrôle : Oui, correct, vous êtes à 0,1 NM du VOR de Rionegro
Tour de contrôle : Je n'ai pas l'altitude LaMia 933
Pilote : 9 000 pieds mademoiselle
Pilote : Vecteurs, vecteurs
Tour de contrôle : Vous êtes à 8,2 NM de la piste
Tour de contrôle : Quelle est votre altitude maintenant ?
Tour de contrôle : LaMia 933, position ? »
L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télévisée Air Crash nommé « Tragédie footballistique » (saison 19 - épisode 9).