Le vol XL Airways Germany 888T désigne un Airbus A320-232 de la compagnie Air New Zealand qui s'est abîmé en Méditerranée le , à 15 h 46 UTC à 7 km au large de Canet alors qu'il effectuait un vol d'acceptation et était en phase d'approche de l'aéroport de Perpignan-Rivesaltes. Des sept personnes qui se trouvaient à bord, six sont mortes et une, l'ingénieur néo-zélandais Murray White, est portée disparue[1].
Vol XL Airways Germany 888T | |||
![]() L'appareil photographié en 2008 à l'aéroport de Stuttgart. | |||
Caractéristiques de l'accident | |||
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Date | |||
Type | Décrochage, erreur de maintenance, manœuvre imprudente à basse altitude | ||
Site | Mer Méditerranée à 7 km de Canet, (France) | ||
Coordonnées | 42° 39′ 48″ nord, 3° 06′ 00″ est | ||
Caractéristiques de l'appareil | |||
Type d'appareil | Airbus A320-232 | ||
Compagnie | Air New Zealand | ||
No d'identification | D-AXLA | ||
Phase | Approche | ||
Passagers | 4 | ||
Équipage | 3 | ||
Morts | 7 | ||
Blessés | 0 | ||
Survivants | 0 | ||
Géolocalisation sur la carte : France
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L'Airbus d'Air New Zealand était loué depuis 2006 à la société XL Airways Germany. Il se trouvait depuis le chez la société de maintenance aéronautique EAS Industries à Perpignan pour une mise aux couleurs de la compagnie néo-zélandaise [2]. L'avion, le 2 500e de la famille A320, était sorti des usines Airbus de Toulouse en juillet 2005 puis avait été livré à la compagnie Freedom Air, filiale low-cost d'Air New Zealand et totalisait 7 000 heures de vol et 2 800 cycles de vol. Si, comme l'a affirmé Dominique Bussereau, secrétaire d'État aux Transports français, l'A320 n'a reçu chez EAS Industries qu'« une visite légère pour la transformation de la peinture », il a tout de même fait l'objet d'une intervention technique. Elle a donné lieu à une Approbation pour remise en service (APRS). Par ailleurs, pendant son séjour à Perpignan, l'appareil a dû subir des opérations classiques de maintenance (pression des pneus, vérifications de base...). Selon le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), « un premier examen des documents n'a pas fait apparaître d'anomalie »[3].
L'avion a décollé de Perpignan à 13 h 30 UTC pour un vol de validation avant que l'avion ne soit livré à Air New Zealand. Après son décollage, il est allé survoler Gaillac (Tarn) à 14 h 46 UTC et devait ensuite faire un toucher à Perpignan (c'est-à-dire décoller aussitôt sans quitter la piste), puis se rendre à Francfort où devait se dérouler le transfert à Air New Zealand. Un commandant de bord de 51 ans et un copilote de 58 ans, de nationalité allemande appartenant à XL Airways dont les noms ne seront pas communiqués[4] se trouvaient aux commandes, accompagnés par cinq Néo-Zélandais : un pilote (Brian Horrel, 52 ans), trois ingénieurs (Noel Marsh, 35 ans, Michael Gyles, 49 ans et Murray White, 37 ans) [5] et un représentant de l'autorité de l'aviation civile néo-zélandaise (CAA) (Jeremy Cook, 50 ans). Trois à quatre minutes avant le crash, le pilote annonçait qu'il amorçait sa descente sur Perpignan « sans aucun problème »[6]. L'appareil avait déjà effectué un vol d'essai d'environ une heure en direction de la mer le au matin, quelques heures avant le vol accidenté. Toutes les procédures avaient été respectées et suivies depuis le Centre en route de la navigation aérienne (CRNA Sud-Est) d'Aix-en-Provence. Rien d'anormal n'avait été signalé par les contrôleurs aériens[7].
Alors qu'il procédait à son approche à 3 500 pieds (1 070 mètres) au-dessus de la Méditerranée par « conditions météo dégradées » (vent de nord/nord-ouest de 18-20 nœuds et rafales de 30 nœuds, soit 55 km/h), l'avion aurait dû rejoindre le point situé à 2 000 pieds à la verticale d'Elne. Les transmissions ont été interrompues à ce moment-là, sans qu'aucun appel de détresse ne soit lancé. Le contrôleur aérien de l'aéroport de Perpignan-Rivesaltes qui suivait l'avion a vu que l'A320 faisait un piqué et opérait un virage à gauche dans les derniers mètres de la descente[7]. L'accident a lieu lors d'un essai consistant à ralentir l'avion jusqu'à la limite du décrochage. Cet essai était prévu à 14 000 pieds, mais le vol ayant été écourté, il a été effectué à 4 000 pieds alors que l'appareil était en approche de l'aéroport de Perpignan. La perte de contrôle a laissé d'autant moins de chances à l'équipage allemand de l'avion, qui n'avait pas subi de formation spécifique pour ce type de vol, de sauver l'avion[8]. L'avion s'est abîmé en mer, à un peu plus de 5 km du cordon littoral qui sépare l'étang de Canet-Saint-Nazaire de la Méditerranée, à 6,5 km au sud-est du port de Canet-en-Roussillon (42° 39′ 48″ N, 3° 06′ 00″ E).
Sitôt alerté, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Méditerranée envoie sur place des moyens de recherche et sauvetage : cinq vedettes de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), les vedettes Le Tech et Le Maury de la Gendarmerie maritime, une vedette des pompiers, un avion de patrouille maritime Atlantique ATL2 de la Base d'aéronautique navale de Nîmes-Garons, un avion de surveillance maritime (Surmar) Falcon 50 de la Base d'aéronautique navale de Lann-Bihoué, un hélicoptère EC-145 de la Sécurité civile, ainsi qu'un hélicoptère de service public Dauphin SA 365N de l'aviation navale. Les aéronefs repèrent l'épave de l'avion (partie arrière, un morceau de la carlingue et une aile), qui repose par 35-40 mètres de fond sur un sol sablonneux et dont les débris sont éparpillés dans un rayon de 800 mètres. Certains d'entre eux ont dérivé jusqu'à la frontière espagnole et ont été récupérés par la Guardia civil[9]. Le , la Marine nationale envoie à 6 h 0 UTC sur zone le chasseur de mines Verseau (M651), équipé d'un sonar, ainsi que le bâtiment de soutien, d’assistance et de dépollution Ailette à 7 h 0 UTC et un hélicoptère Fennec de la Gendarmerie nationale à 9 h 30 UTC[10]. Le Verseau et ses plongeurs démineurs recherchent les boîtes noires sur un cercle de 5 km de diamètre, à environ 7 km de la côte, lesquelles sont repérées dans la soirée[11]. L'une d'entre elles, le Cockpit Voice Recorder (CVR), qui enregistre les conversations du cockpit, est repêchée le [12]. La seconde, le Digital Fly Data Recorder (DFDR), qui enregistre les données du vol, est remontée à la surface le . La récupération de l'ensemble de l'épave est envisagée « dans un délai raisonnable » par le procureur adjoint du tribunal de grande instance de Perpignan[13].
Deux juges d'instruction du tribunal de grande instance de Perpignan ont été cosaisis de l'affaire et une information judiciaire pour homicide involontaire a été ouverte le . L'enquête technique aéronautique est confiée au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), lequel travaille en collaboration avec ses homologues allemand (le Bundesstelle für Flugunfalluntersuchung), néo-zélandais (la Transport Accident Investigation Commission) et américain (le Conseil National de la Sécurité des Transports)[14]. Elle pourrait durer deux ans[4]. Les deux boîtes noires sont « très endommagées » [6] : « Les boîtiers protégés ont résisté et les cartes mémoires paraissent intactes, mais aucune donnée n'a pu en être extraite », déclare le BEA[3]. Les boîtes noires sont renvoyées à leur constructeur Honeywell, à Seattle (États-Unis)[15]. Début janvier 2009, le BEA précise, en accord avec le procureur de la République de Perpignan, que « les travaux entrepris dans les laboratoires du constructeur avec la participation d'enquêteurs spécialisés ont effectivement permis de récupérer les données des cartes mémoires des deux enregistreurs »[16].
Le BEA publie le un rapport d'étape dont il ressort que « le vol ayant été écourté, une vérification à basse vitesse prévue en altitude a été effectuée au cours de l'approche sur Perpignan. C'est au cours de cette vérification que l'équipage a perdu le contrôle de l'avion qui s'est écrasé en mer[8]. »
Les relevés de la lecture du DFDR (enregistreur de paramètres) que le rapport reproduit montre que l'information d'incidence des sondes AOA s'est figé à une valeur de 4° à mi-vol. Elle n'a ensuite pas varié comme elle l'aurait dû en fonction de la vitesse.
De la peinture a été retrouvée sur une des sondes repêchée[réf. nécessaire].
Le rapport final du BEA liste les facteurs contributifs suivants :
La commission d'identification des victimes, composée de médecins légistes, experts odontologues et techniciens de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), se réunit le pour procéder aux comparaisons ADN afin de croiser leurs informations et de valider les identités des 6 corps retrouvés[1].
L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Air Crash nommé « Test mortel » (saison 13 - épisode 8).
« Cet Airbus A320 a séjourné chez nous une dizaine de jours. Il n'a pas subi de contrôle d'éléments importants. Il a simplement été remis en service pour pouvoir recevoir l'immatriculation néo-zélandaise. Le vol de jeudi soir n'était donc pas un vol d'essai technique, c'était déjà un vol commercial. Ce vol ne nécessitait d'ailleurs pas de procédure de contrôle particulière. L'avion était en parfait état quand nous l'avons remis aux clients. C'était à 14 h (13 h UTC) »
« Dans un délai raisonnable, il faut envisager de récupérer l'épave de l'avion qui fait 42 tonnes à vide. Il faudra prendre des précautions et utiliser tous les moyens, ceux de la marine mais aussi de sociétés privées. »