L'accident du Concorde s'est produit le quand le Concorde du vol Air France 4590, un vol charter à destination de New York, s'est écrasé sur un hôtel à Gonesse, en Île-de-France, une minute et vingt-huit secondes après son décollage de l'aéroport de Paris Charles-De-Gaulle, provoquant la mort de 113 personnes: les 100 passagers (dont 96 Allemands) et neuf membres d'équipage, ainsi que quatre personnes au sol. Il s'agit du seul accident ayant impliqué un Concorde.
Accident
Quatre-vingt dix secondes après le décollage l'avion s'écrase sur l'Hotelissimo à côté de l'hôtel-restaurant Les Relais Bleus au lieu-dit de La Patte d'Oie de Gonesse, à quelques centaines de mètres des habitations[1].
Victimes
À bord de l'appareil
Tombe de l'hôtesse de l'air Huguette Le Gouadec au cimetière de Passy.
Les neuf membres d'équipage et les 100 passagers meurent sur le coup dans l'accident. Ils ont tous été identifiés par l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN). Tous les passagers sauf quatre étaient Allemands. Originaires de la ville de Mönchengladbach, ils effectuaient pour la plupart leur premier voyage en Concorde, dans le cadre d'un voyage organisé. Ils allaient à New York prendre le bateau de croisière MS Deutschland pour les Caraïbes.
Il y eut 4 tués dans l'hôtel Hotelissimo de Gonesse, presque vide à cette heure de la journée (16h45).
Nationalité
Passagers
Équipage
Total
Allemagne
96
0
96
France
0
9
9
Danemark
2
0
2
Autriche
1
0
1
États-Unis
1
0
1
Total
100
9
109
Personnel navigant technique
Le commandant de bord: Christian Marty, âgé de 53 ans, il avait rejoint Air France en 1969 et accumulé 13 477 heures de vol dont 317 sur Concorde. Il est par ailleurs le premier homme à avoir effectué la traversée de l'Atlantique en planche à voile, en 1982[2].
Le copilote: Jean Marcot, âgé de 50 ans, diplômé de l'École nationale de l'aviation civile (EPL 69)[3]; il avait rejoint Air France en 1974 et avait accumulé 10 035 heures de vol dont 2 698 sur Concorde.
L'officier mécanicien navigant: Gilles Jardinaud, âgé de 58 ans, il avait rejoint Air France en 1966 et avait accumulé 12 532 heures de vol dont 937 sur Concorde.
Le gérant, un autre employé et une cliente, guide touristique britannique (qui a sauté du 1erétage dans les bras du gérant au moment du crash), présents dans l'hôtel, survivront[5],[4].
Témoignages
L'appareil en flamme fut photographié par plusieurs témoins: un spotter hongrois[6], un touriste japonais[7] et un couple de routiers espagnols circulant sur l'autoroute proche[8],[9].
Trois pompiers de l'aéroport ont témoigné avoir vu un cône de flammes avec d'épaisses fumées sur le côté gauche de l'avion, relativement tôt, pendant le décollage.
Selon le rapport final établi par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), l'accident fait suite à une collision entre le pneu avant droit du train principal gauche et une lamelle métallique en titane de 43 centimètres de long, qui provient du capot de l'inverseur de poussée d'un moteur. Cette lamelle provient d'un avion qui avait décollé cinq minutes avant le Concorde, un DC-10 immatriculé N13067 du Vol 55 Continental Airlines effectuant la liaison Roissy-Newark (New York). Un mécanicien de la même compagnie à Houston (le chaudronnier John Taylor) avait remplacé cette pièce normalement en acier inoxydable par une en titane plus résistante, mal découpée et fixée par un mastic non spécifié[5],[10].
La séquence des événements telle qu'exposée dans le rapport du BEA aurait été la suivante:
le pneu tournant à très grande vitesse (plus de 300km/h) roule sur une lamelle métallique se trouvant sur le revêtement de la piste, identifiée par l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN), il est largement entaillé et éclate;
un morceau de caoutchouc d'environ 4,5 kg se détache du pneu en rotation et est projeté en direction de l'aile gauche à la vitesse de l'avion, à 310km/h à ce moment précis;
le morceau de pneu, relativement plat, ne perce pas l'aile mais son violent point de contact sur le métal produit une onde de choc qui se propage à l'intérieur, appelée coup de bélier hydrodynamique, et fait éclater de l'intérieur une partie du réservoir de carburant no5;
une importante quantité de carburant se met à fuir de l'aile gauche, environ 60 kg/s (soit près de 75 litres par seconde). La fuite est si forte que le moteur 1 se retrouve littéralement inondé de carburant. Par ailleurs, un autre morceau de pneumatique endommage la commande du circuit électrique dans le puits de train principal gauche, le bloquant ainsi en position «sortie»;
le carburant s'échappant du réservoir s'enflamme avec le flux de la poussée du réacteur se situant à proximité et forme une traînée fumante noire, soit par contact avec les flammes de la réchauffe (post-combustion) sortant du réacteur dans une zone d'écoulement tourbillonnaire, soit à la suite d'une étincelle émanant du circuit électrique endommagé dans le puits de train;
les moteurs 2 puis 1 perdent rapidement de la puissance à la suite d'un phénomène de pompage (décrochage aérodynamique des pales du compresseur dû à l'ingestion de gaz chauds);
le commandant de bord ordonne de rentrer le train. La manœuvre est impossible, probablement par suite de l'endommagement du circuit électrique de commande du train gauche;
l'équipage coupe le moteur numéro 2, le moteur 1 ne délivre plus qu'une puissance équivalente à celle du régime de ralenti. Le Concorde vole pendant environ 30 secondes à une altitude d'environ 200 pieds (60 mètres), le copilote lance plusieurs messages d'avertissement sur la vitesse trop faible de l'appareil;
pour contrer la dissymétrie de poussée trop importante des 2 moteurs droits, l'équipage se voit contraint de réduire volontairement le régime des moteurs 3 et 4 (moteurs droits);
avec une poussée très réduite et dissymétrique, sans possibilité de mise en descente pour compenser le manque de vitesse, le Concorde vire brièvement sur l'aile gauche puis s'écrase au sol, une minute et vingt-neuf secondes après son décollage.
Le DC-10 impliqué, vu quand il volait avec Eastern Air Lines, alors immatriculé N391EA en juin 1985.
Une interruption du décollage aurait conduit à une sortie en bout de piste à grande vitesse. Dans ces conditions, les trains d'atterrissage se seraient effacés et avec l'incendie qui faisait rage sous l'aile gauche, l'avion se serait immédiatement embrasé. Dans son rapport, le Bureau d'Enquêtes et d'Analyse souligne que, même avec une poussée nominale sur les 2 cotés, l'intensité du feu, entraînant un endommagement de l'aile gauche et des gouvernes, aurait conduit à la perte rapide de l'avion.
Le BEA estime par ailleurs dans son rapport que l'impossibilité de rentrer le train a contribué à l'accrochage et la stabilisation de la flamme sous l'aile gauche.
Autres hypothèses
La thèse de l'éclatement du pneu à cause de la lamelle métallique fut contestée.
Lors du procès au pénal intenté contre Continental Airlines, l'avocat de cette compagnie a expliqué que vingt-huit personnes auraient vu l’avion prendre feu bien avant de passer sur la lamelle et s'est plaint qu'on aurait tenté de dissimuler la vérité[11].
Le magazine Spécial investigation dans son émission nommée «Concorde – Le crash d'un mythe», diffusée le sur Canal+ émit l'hypothèse que l'éclatement du pneu n'aurait pas été provoqué par la lamelle métallique mais par un défaut sur la piste. Il s'appuie sur des témoignages de pompiers, pilotes et personnel de l'aéroport qui affirment que Concorde était déjà en feu près d'un kilomètre avant l'endroit où a été retrouvée la lamelle incriminée par l'enquête du BEA. Le documentaire affirme que l'appareil était en surcharge d'environ 1,5 tonne et qu'une entretoise manquait depuis plusieurs jours sur le train d'atterrissage dont un pneu a éclaté.
Mais cette absence de l'entretoise et la surcharge figurent dans le rapport officiel du BEA, elles ont été analysées et jugées sans effet sur l'accident. L'écart d'un kilomètre revendiqué par le documentaire est également sujet à caution: la distance correspond en fait à celle qui sépare le défaut de raccord sur la piste et le lieu où la lamelle a été retrouvée (après le passage de l'avion). Le documentaire dit que des témoignages ont été ignorés par le rapport officiel mais, dans l'annexe 6 du rapport du BEA, figurent ceux de pompiers et d'un commandant de bord proches de la scène qui ont entre autres orienté les conclusions de l'analyse sur le départ de feu. Enfin le documentaire n'évoque pas les traces et débris d'élastomère retrouvés sur la lamelle et correspondant à la matière du pneumatique de Concorde.
[réf.nécessaire]
L'hypothèse d'un attentat manqué contre le président de la République française Jacques Chirac fut aussi évoquée puis abandonnée[Note 1]. En effet, l'avion le ramenant d'un sommet du G8 à Tokyo, venait de se poser quelques minutes avant le décollage du Concorde. L'avion présidentiel s'arrêta même, dans son roulage vers le terminal, pour laisser le passage au Concorde sur la piste d'envol. Plusieurs passagers de l'avion présidentiel auraient d'ailleurs aperçu l'épaisse fumée s'échapper des réacteurs du Concorde[12].
Chronologie
Résumé des dialogues et communications radios enregistrés par les boîtes noires[13]:
13h30 (Aéroport) – (Tous les passagers du vol ont fait enregistrer leurs bagages, le pilote est déjà présent dans le cockpit)
Un défaut est signalé au moteur no2 lors des vérifications habituelles. Une petite pièce (un inverseur de poussée) devait être remplacée. La réparation retarde l'embarquement d'une heure.
15h54 – (Les passagers commencent à embarquer)
15h58 (AFR 4590) – Concorde pour New York en Echo 26, il nous faudrait la 26 droite sur toute sa longueur
16h7 (Tour Sud Roissy CDG) – …Prévoyez la 26 droite…
16h7 (AFR 4590) – Sur la 26 droite…
16h34 (Tour Sud Roissy CDG) – Air France 4590, bonjour, roulez pour le point d'arrêt 26 droite par Roméo… Vous voulez Whisky 10 ou vous voulez la voie Roméo?
16h34 (AFR 4590) – Il nous faut toute la piste
16h34 (Tour Sud Roissy CDG) – OK donc vous roulez pour Roméo, Air France 4590
16h40min1s (Tour Roissy CDG) – 4590 alignez-vous et maintenez la 26 droite
16h40min5s (AFR 4590) – On s'aligne et on maintient sur la 26 droite, 4590
16h43min37s (Tour Sud Roissy CDG) – Faites à votre convenance, vous avez la priorité pour le retour sur le terrain (Mais à 60 mètres d'altitude, le Concorde est trop bas pour faire demi-tour)
16h43min41s (AFR 4590) – Bien reçu
16h44min3s (Pompier leader) – De Gaulle tour du pompier leader
16h44min5s (Tour Sud Roissy CDG) – Pompier Leader le Concorde euh… je ne connais pas ses intentions, mettez-vous en position près du doublet Sud
16h44min13s (Pompier leader) – De Gaulle tour du pompier leader l’autorisation pour pénétrer sur la vingt-six droite
16h44min18s (Tour Sud Roissy CDG) – Pompier Leader correction le Concorde retourne sur la piste 09 en sens inverse
16h44min22s (AFR 4590) – Négatif on essaye Le Bourg… (Communication interrompue, il faut comprendre «Le Bourget».)
16h44min26s (Pompier leader) – De Gaulle tour du pompier leader vous pouvez me donner la situation du Concorde là
16h44min37s – (L'alarme «Feu» du moteur se déclenche de nouveau et retentira jusqu'à la fin du vol)
16h44min59s – (La tour de contrôle entend les dernières paroles du commandant de bord…) Trop tard, pas le temps.
16h45min7s – (L'avion plonge sous les 15 mètres)
16h45min10s (Tour Sud Roissy CDG) – Le Concorde s'est écrasé près du Bourget (Pompier Leader)
16h45min15s (Tour Sud Roissy CDG) – Air France 4590 me recevez-vous? (2 fois) - Pas de réponse de la part de l'avion qui s'est écrasé
16h46min9s (Tour Sud Roissy CDG) – À tous les avions à l'écoute, je vous rappelle dans un instant, on va reprendre nos esprits et on va reprendre les décollages
16h53 – (Moins de 8 minutes après le crash de l'avion, des dizaines de camions de pompiers et d'ambulances se dépêchent sur les lieux de l'accident. - L'intensité des flammes est telle qu'il faudra 3 heures pour éteindre l'incendie.)
16h55min47s (Un avion informe le contrôleur) – …Il y a de la fumée sur la piste 26 droite, il y a quelque chose qui brûle apparemment pour info
16h57 (Un véhicule de piste (Flyco 9) signale au contrôleur) – Il y a du pneu… des débris de pneu qui sont en train de brûler
Antécédents
Des incidents similaires (dont 57 éclatements de pneus) s'étaient déjà produits, notamment au décollage de Dakar le (l'avion ayant roulé sur une canette de bière qui fait éclater un pneu) et de Washington le (un pneu éclaté endommage les réservoirs d'un Concorde). Le même incident s'est produit 5 fois dans les années 1980-1990. Le pilote dut effectuer un demi-tour après l'éclatement d'un pneu ayant perforé l'intrados de l'aile, laissant s'échapper du kérosène, heureusement sans inflammation[14].
Le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, décida le jour même de l'accident d'interdire les vols suivants de Concorde. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses fut chargé de déterminer les causes de l'accident dans un but de prévention.
Dans les jours qui ont suivi, les certificats de navigabilité des Concorde ont été suspendus, ce qui a entraîné l'interruption des vols de British Airways entre Londres et les États-Unis. Ils n'ont été rétablis après que diverses modifications techniques eurent été effectuées sur tous les appareils, notamment pose de revêtement en Kevlar à l'intérieur des réservoirs, renforcement de la protection des circuits électriques au niveau des trains principaux et installation de pneus plus stables Michelin NZG (Near Zero Growth). Une dizaine de places à bord furent supprimées.
Le Concorde vole à nouveau en , mais la structure de l'avion vieillissant, Air France et British Airways décident d'en arrêter l'exploitation en 2003.
Une stèle a été érigée sur la commune de Mitry-Mory en Seine-et-Marne, près des pistes de l'aéroport afin de rendre hommage aux victimes.
Procès
Les restes du Douglas DC-10 N13067 à Mojave, Californie, en 2012.
Lors des poursuites judiciaires engagées, personne n'a été reconnu coupable pénalement (Claude Frantzen, ancien dirigeant de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et Henri Perrier, directeur du programme Concorde de 1978 à 1994 ont été relaxés en première instance, John Taylor, chaudronnier mécanicien de la Continental Airlines condamné en première instance à 15 mois de prison avec sursis, a été relaxé) mais la compagnie Continental Airlines a été reconnue civilement responsable du crash pour «faute de négligence dans la maintenance» par la cour d'appel de Versailles le et condamnée à payer 1 million d'euros de dommages et intérêts à Air France pour son préjudice d'image[15].
Médias
Bibliographie
Tricot, Henri, Concorde, autopsie d'un crash, Le Jardin des livres, Paris, 2001.
Xavier Massé, Avion Concorde: de l'évocation en 1943 au dernier vol en 2003, 2004.
Mecifi, Amine, Pourquoi les avions s'écrasent-ils?, auto-publié, 2006, p. 28-37.
Otelli Jean-Pierre, Pourquoi ils sont tombés: histoires authentiques de catastrophes aériennes, Altipresse, 2007.
Jean-Pierre Otelli, Pourquoi ils sont tombés - Les faits...la vérité, Jpo Altipresse, 2008.
Nénin, François, Marnet-Cornus, Henri, Crashs aériens, ce qu'on vous cache, Éditions Privé, 2007, p. 77-100.
Fabrice Drouelle, Affaires sensibles: 40 ans d'histoires qui ont secoué la France, Points, 2015.
Jean-Pierre Beaufrey, Concorde Sierra Charlie: Vol AF 4590 - Mardi , Nombre 7, 2017.
Documentaires télévisés
Secrets d'actualité en 2003-2004, L'accident du Concorde, sur M6.
Enquêtes criminelles: le magazine des faits divers le , Concorde: les dessous d'une catastrophe, sur W9.
La Minute de vérité, Le Crash du Concorde, en et sur National Geographic Channel, en sur Direct 8[16] et rediffusé par la suite sur Numéro 23, puis en 2017 sur RMC Découverte lors d'une soirée de documentaires sur le thème du Concorde
(en) Dateline, Black Box Mystery: The Crash of the Concorde, le , sur NBC[17].
Concorde, le crash d'un mythe, de la série Spécial investigation, le , sur Canal +[18].
(en) Concorde's last flight, de Christopher Spencer, , sur Channel 4.
L'accident a fait l'objet d'un épisode dans la série télé Air Crash nommé «Le Concorde en flammes» (saison 14 - épisode 7).
Le Concorde: la fin tragique du supersonique, en 2020 sur Arte[19].
(en) Norris McWhirter, The Guinness book of records, Guinness Superlatives, , 35eéd., 310p. (ISBN0-85112-878-5 et 978-0-85112-878-8, présentation en ligne).
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