Le General Atomics MQ-9 Reaper (en anglais, reaper correspond ici à «faucheuse», l'allégorie de La Mort) est un drone de combat construit par General Atomics pour l'United States Air Force. D'autres pays l'ont également acheté.
Radar à synthèse d'ouverture (SAR) + tourelle électro-optique
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Conception
Après le succès du drone MQ-1 Predator, General Atomics a étudié un nouveau modèle de drone, en version combattante, et sur ses fonds propres. Le contrôle du vol peut se faire par liaison hertzienne en visée directe depuis la station de contrôle («LOS» pour «line of sight») valable jusqu'à une distance de 200 km, ou par l'intermédiaire d'une liaison satellite («SATCOM»)[2].
Ce nouveau modèle constitue un des fers de lance de la stratégie américaine de lutte contre Al-Qaïda et les talibans, notamment au Pakistan dans les zones tribales.
Fin 2011, 54 Reaper sont en service dans les forces armées des États-Unis[3]. Début 2017, 150 sont en ligne qui remplacent le Predator retiré en 2018[4].
En mars 2020, l'US Air Force prévoit la fin de la production en 2022 avec 337 plates-formes contre 363 planifiés car il n'est pas qualifié pour des menaces de haute intensité[5].
Dans sa demande de budget pour l'exercice 2021, l'USAF demande 172 millions de dollars pour commencer à fermer la ligne de production de General Atomics à Poway, en Californie. Mais en décembre 2020, le congrès des États-Unis adopte un budget de 286 millions de dollars pour General Atomics, qui permettra à l'USAF d'acheter 16 drones MQ-9 Reaper au moins un an de plus[6].
Les prototypes Predator B
Le premier prototype «Predator B-001» a fait son premier vol le . Son moteur était un turbopropulseur Garrett AiResearch TPE-331-10T de 950ch (712 kW), distribué ensuite par la société Honeywell. Les ailes avaient été allongées jusqu'à 20 m, la vitesse portée à 390km/h, la charge utile à 340 kg, le plafond à 15 200 mètres et l'autonomie à 30 heures[7].
General Atomics a ensuite fait évoluer son concept dans deux directions différentes.
Le prototype «Predator-B002» était équipé d'un turboréacteur Williams FJ44-2A de 10,2 kN de poussée, une capacité d'emport de 215 kg, un plafond de 18 300 mètres et une autonomie de 12 heures. L'US Air Force a commandé deux exemplaires pour évaluation, livrés en 2007[8].
Le prototype «Predator-B003», rebaptisé «Altair», était équipé du même turbopropulseur TP-331-10T. Mais c'était un modèle agrandi avec une envergure de 25,6 m, un poids au décollage de 3 175 kg, une capacité d'emport de 1 360 kg, un plafond de 15 800 mètres et une autonomie de 36 heures[9].
Une nouvelle version nommée Predator-B ER (Extended Range) a volé pour la première fois le . Son envergure est de 24 m et son autonomie estimée à 40 h de vol. Une autre version est équipée de réservoirs pendulaires montés sous la voilure[10].
Ils donnent naissance aux MQ-9B déclinés en 2020 en plusieurs versions, SkyGuardian, SeaGuardian et EuroGuardian[11]
La version pour l'US Air Force
En , l'US Air Force signa un contrat avec General Atomics pour l'acquisition de deux Predator B-003 en vue d'évaluation. Le premier fut livré en 2002 et reçut le nom de Reaper. La désignation d'Altair reste pour les deux prototypes initiaux ou une version non armée destinée à la NASA[7].
Le MQ-9 dispose de 6 pylônes d'emport de charges. Les pylônes intérieurs peuvent emporter une charge de 680 kg chacun, les pylônes centraux 270 kg et les pylônes extérieurs 90 kg.
Un MQ-9 avec deux réservoirs supplémentaires de 450 kg de carburant chacun et 450 kg d'armement peut voler 42 heures[12].
La configuration standard est de 4 missiles Hellfire mais dans le cadre d'une mise à jour testée en vol le 10 septembre 2020, il peut en emporter 8 [13].
Le 10 novembre 2020, les États-Unis ont approuvé la vente d'armes de 23 milliards de dollars, dont 50 chasseurs furtifs F-35[14]. Le 18 novembre 2020, trois sénateurs américains, Chris Murphy et les sénateurs démocrates Bob Menendez et le sénateur républicain Rand Paul ont annoncé quatre résolutions distinctes en désaccord avec le projet de Trump de vendre pour plus de 23 milliards de dollars de drones Reaper, d'avions de combat F-35 et missiles aériens et autres munitions aux Émirats (ÉAU)[15].
Engagements
L'Air Force utilise le MQ-9 en tant que menace permanente, avec un appareil qui vole jour et nuit en attendant qu'une cible se présente. C'est un complément aux avions pilotés qui disposent de davantage d'armes, mais pour des cibles précises[9].
Le l'administration fédérale de l'aviation US a accordé une autorisation de vol des MQ-1 et MQ-9 dans l'espace aérien civil américain pour la recherche de survivants après des catastrophes[16].
En 2005, faute de cette autorisation, les drones n'avaient pu être utilisés après le passage de l'ouragan Katrina.
En , l'US Air Force dispose de 9 MQ-9[17]. En 2021, 323 MQ-9 Reaper d'une moyenne d'âge de 6,05 ans sont en service dans l'USAF[18].
Des MQ-9 sont utilisés en Afghanistan à partir de la base de Balad qui est la plus grande base aérienne américaine dans le pays jusqu'à leur retrait en 2021.
La première attaque a eu lieu le avec le tir de missiles Hellfire contre des troupes rebelles[19].
Comme les MQ-9 réalisent des missions en coopération avec des avions pilotés, l'US Air Force cherche à former des pilotes en tant que contrôleurs de ces appareils. Le manque de pilotes suffisamment formés est un obstacle au déploiement sur le terrain[20].
La version pour l'US Navy
General Atomics a développé une version pour l'US Navy appelée «Mariner» dans le cadre du programme BAMS (Broad Area Maritime Surveillance, Surveillance maritime à grande distance). L'emport de carburant a été augmenté pour permettre des missions de 49 heures[21].
Cette version a aussi été adaptée aux porte-avions avec des ailes repliables, un train d'atterrissage plus compact et plus solide, une crosse d'appontage, une surface ventrale lisse, six pylônes d'emport pour une charge totale de 1 360 kg.
Cependant, c'est le RQ-4 Global Hawk qui a été retenu.
Le service américain des douanes et des frontières a commandé une autre version navale du MQ-9[22].
La version pour la NASA
La NASA a évalué les divers prototypes du MQ-9[9], notamment dans le cadre du programme ERAST[23].
Ikhana est le nom donné à un drone MQ-9 non armé reçu en . Ikhana a été modifié pour diverses missions et expériences, dont des analyses des contraintes mécaniques que subit l'appareil pendant le vol[24]. Il a été pour cela équipé de 3 000 micro-capteurs à fibre optique, dont 2 000 sur les ailes (extrados). Le but premier de ce drone est l'étude du vol suborbital, mais Ikhana a aussi été utilisé pour surveiller les incendies de Californie d'octobre 2007[25],[26].
Version pour la sécurité intérieure des États-Unis
Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis a commencé à utiliser un «Predator B» pour la surveillance des frontières le . Mais le , l'appareil s'est écrasé dans le désert de l'Arizona à la suite d'une erreur humaine. Dans l'intervalle, il avait réalisé 959 heures de vol et il était partie prenante dans 2 309 arrestations, la saisie de 4 véhicules et de 13 tonnes de marijuana[27].
En raison de ces succès un second appareil est entré en service le .
Le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis dispose en 2006 de 5 MQ-9 opérationnels. L'un est basé dans le Dakota du Nord et les quatre autres dans l'Arizona. Ils sont équipés du radar à synthèse d'ouverture Lynx de General Atomics et de caméras dans les rayonnements visibles et infrarouges de la société Raytheon[28].
Coût opérationnel
Le coût par heure de vol est estimé à 6 000 euros[29].
Opérateurs étrangers
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Australie: l'Australie a effectué des essais avec ce drone mais ne l'a, en , pas commandé. Cinq membres de la Royal Australian Air Force opèrent à cette date des MQ-9 de l’USAF agissant contre l’État Islamique en Irak et Syrie depuis une base aux États-Unis[30]. En , l'Australie annule sa commande de douze drones MQ-9B SkyGuardian[31].
Belgique: la Belgique a commandé quatre MQ-9B SkyGuardian, ainsi que deux stations de contrôle. La livraison est prévue, selon les prévisions de juin 2020 alors que le contrat n'est pas finalisé, entre 2023 et 2024[32] devant être opérés par le 80 UAV Squadron[33].
Espagne: le , les autorités espagnoles annoncent le déblocage de vingt-cinq millions d'euros pour acquérir une flotte de quatre drones MALE (Medium Altitude Long Endurance: Moyenne Altitude Longue Endurance) destinés à des missions surveillance et de reconnaissance. Le , l'agence américaine d’exportation d’armement (Defense Security Cooperation Agency(en)) officialise la vente de quatre drones MQ-9 Reaper Block 5, de leurs équipements associés, des pièces de rechange et du soutien logistique, pour un coût estimé à environ 214 millions d'euros[34].
France: le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian indique durant l'été 2013 que la France souhaite acquérir 12 exemplaires du drone américain pour 670 millions d'euros[35]. Quelques semaines plus tard, les États-Unis indiquent qu'à long terme, la vente pourrait porter jusqu'à 16 drones et huit stations au sol, pour un coût total de 1,14 milliard d'euros[36],[37]. Les deux premiers drones, dont la désignation française est Orbites permanentes de surveillance armables et multi-capteurs, sont officiellement commandés en [38]; l'escadron de drones 1/33 Belfort[39] doit mettre en œuvre, selon les prévisions d', 6 Reaper et 4 cockpits en 2017 et 12 Reaper et 8 cockpits en 2019. Les deux premiers drones sont arrivés sur le théâtre extérieur de Niamey au Niger en . Un troisième est arrivé en [40]. Les premiers tirs d'expérimentation ont été effectués avec succès courant décembre 2019 depuis la base projetée de Niamey au Niger[41]. Six drones supplémentaires, livrés en 2020, seront armés[42]. Le , un drone Reaper de l'Armée de l'air contrôlé par une société militaire privée américaine s'est écrasé au Niger en rentrant de mission des suites d’une probable perte de contact entre le drone et sa station de contrôle[43],[44], le constructeur américain s'est promis de louer, en compensation, un drone au dollar symbolique[45]. En , la France commande six drones en version Block 5 pour une livraison en 2024 et l'amélioration de six existants du Block 1 vers le Block 5[46].
Italie: le contrat en signé en 2008 et ils opèrent depuis au moins 2011. En , la Aeronautica Militare dispose de 6 MQ-9 Reaper et de 6 MQ-1C Predator A+ non armés à cette date assigné au 28e Gruppo (Escadron) de la 32e Stormo (Escadre) de la base aérienne d'Amendola[47]. En , les États-Unis autorisent leurs modifications pour qu'ils soient armés[48]. Un exemplaire est perdu en Libye le .
Maroc: Après plusieurs mois de négociations entre le Maroc et les États-Unis, le département d'État américain a négociè en décembre 2020 la livraison de 4 drone de combat MQ-9 Reaper au Forces royales air du Maroc.
Pays-Bas: en , l'achat de 4 Reaper par les Pays-Bas est annoncé[49]. Il est confirmé en juillet 2018[50]. Les drones ne sont pas armés, mais la possibilité reste ouverte si le gouvernement le décide[51].
Royaume-Uni: depuis 2007, la Royal Air Force utilise trois MQ-9 Reaper en Afghanistan[52]. Le , le Royaume-Uni a annoncé son intention d'acquérir 10 appareils supplémentaires. Ils sont exploités au sein de deux escadrons de la Royal Air Force: le 13e et le 39e[53]. Ces appareils sont armés. Ils opèrent en 2015 dans le cadre de la coalition internationale en Irak et en Syrie.
Engagements opérationnels
Les Reaper de la RAF ont effectué 30 % des frappes aériennes de l'Opération Shader, nom de code opérationnel attribué à la contribution du Royaume-Uni à l'intervention militaire contre l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL)[54]. Ils ont largué, entre et , 887 missiles Hellfire et 88 bombes GBU-12, et détruit, entre et , 145 cibles[55].
Les deux premiers drones français ont été dépêchés au Mali dès , leur rôle est uniquement la reconnaissance, n'étant à cette date pas armés[56]. C'est notamment un de ces drones qui a permis de retrouver l'épave de l'avion du Vol Air Algérie 5017 qui s'est écrasé au Mali le [57]. Un troisième drone est entré en action en au Mali[40],[58]. Le , la première frappe d'un drone armé effectuée en opération par l'armée française a lieu lors du Combat de Wagadou, livré contre des djihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans[59].
Un drone américain est abattu en 2017 par les rebelles Houthis lors de la guerre civile yéménite[60].
Le 17 aout 2021, pour la première fois un drone Reaper Block 5 de la force Barkhane effectue une frappe opérationnelle dans le contexte sahélo-saharien[61].
Le 10 février 2022, un drone Reaper de la force Barkhane mène une frappe sur une colonne djihadiste qui venait de pénétrer sur le territoire du Burkina Faso, tuant une dizaine de combattants.[62]
Drones semblables
Le Kronstadt Orion a été destiné à être un concurrent direct du MQ-9, il a effectué son vol inaugural en 2016 et les 3 premiers exemplaires de série ont été livrés à l'armée de l'air russe en avril 2020[63].
le HESA Gaza 149 est un drone de la République islamique d’Iran, vraisemblable basé sur le MQ-9 Reaper américain, et succédant au Shahed 129, quant à lui très similaire au MQ-1 Predator des États-Unis.
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