Le vol Air Algérie 5017 affrété auprès de la compagnie espagnole Swiftair était un vol régulier de la compagnie aérienne Air Algérie entre Ouagadougou et Alger, dont l'appareil, un McDonnell Douglas MD-83, s'est écrasé le dans le centre du Mali avec 116 personnes à son bord. Selon le rapport intermédiaire du BEA français publié le , l'accident serait dû à un décrochage de l'avion ayant pour origine la non-activation par les pilotes du système de protection contre le givrage des moteurs[2].
Vol Air Algérie 5017 | ||||
L'avion impliqué est un MD-83 appartenant à la flotte de la compagnie Swiftair (ici à l'aéroport de Madrid en 2013). | ||||
Caractéristiques de l'accident | ||||
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Date | ||||
Type | Décrochage | |||
Causes | Givrage de capteurs, système de dégivrage non enclenché, manque de réaction des pilotes. | |||
Site | Mondoro, Mali | |||
Coordonnées | 15° 08′ 07,7″ nord, 1° 04′ 48″ ouest | |||
Caractéristiques de l'appareil | ||||
Type d'appareil | McDonnell Douglas MD-83 | |||
Compagnie | Air Algérie vol assuré par Swiftair | |||
No d'identification | EC-LTV | |||
Lieu d'origine | Aéroport international de Ouagadougou | |||
Lieu de destination | Aéroport d'Alger - Houari Boumédiène | |||
Phase | Croisière | |||
Passagers | 110 | |||
Équipage | 6 | |||
Morts | 116[1] | |||
Blessés | 0 | |||
Survivants | 0 | |||
Géolocalisation sur la carte : Afrique
Géolocalisation sur la carte : Mali
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Le vol 5017 Air Algérie affrété auprès de la compagnie espagnole Swiftair décolle le à 0 h 45 (heure locale) de l'aéroport international de Ouagadougou à destination de l'aéroport Houari Boumediene d'Alger avec 116 personnes à son bord[3],[4].
À 1 h 55, la compagnie Air Algérie annonce avoir perdu le contact alors que l'appareil survolait le Mali. L'information est rapidement confirmée par l'affréteur Swift Air, puis par l'aviation civile algérienne, qui ne précise cependant pas s'il s'agit d'un accident ou d'un attentat[4]. Il est alors très peu probable que l'appareil ait été abattu par un missile sol-air lors de son survol du Nord du Mali, en guerre depuis 2012[5].
Peu après, des cellules de crises sont mises en place aux aéroports de Paris-Charles de Gaulle et de Marseille, compte tenu des nombreux Français présents à bord du vol disparu. Un numéro d’urgence est ouvert par le ministère français des Affaires étrangères.
Deux avions de chasse Mirage 2000D de l'armée française basés à Niamey participent aux recherches[6]. Ils repèrent dès 11 h les traces du crash, et selon la coopération de défense, demandent l'intervention au sol de l'armée burkinabé. À son tour, l'armée de l'air du Burkina Faso repére les traces de l'appareil avec un hélicoptère AS 350 et un Da-42 aux alentours de 18 h 20 en présence de gendarmes qui ont pris les photos.
Le , le général burkinabé Gilbert Diendéré annonce dès 17 h que les restes de l'avion « complètement brûlés » et des cadavres ont été trouvés par des bergers, près de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso[7].
Grâce à ces indications, la confirmation de la présence de l'épave est ensuite donnée (grâce à sa détection infrarouge) par un drone Reaper français près du village de Boulekessi, dans les environs de Gossi, à une cinquantaine de kilomètres du Burkina Faso. La nuit du 24 au , le gouvernement français annonce avoir retrouvé l'avion. L'armée française basée à Gao, à environ 160 km au nord-est du lieu de l'accident, envoie alors un premier détachement héliporté fort de 30 hommes qui sécurisent l'épave vers 2 h du matin (UTC). Il est suivi par un deuxième détachement français de 90 hommes avec trente véhicules et par 60 soldats maliens et 40 soldats néerlandais de la MINUSMA qui se rendent également sur place[7],[8].
La localité de Boulékessi, située dans la commune de Mondoro, est alors tenue par les rebelles du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA)[9].
Le président de la commission d'enquête N'faly Cissé a présenté trois groupes de travail composés d'une vingtaine d'enquêteurs appartenant aux pays suivants : Algérie, Burkina-Faso, Espagne, États-Unis, France et Mali. Aucun de ces enquêteurs ne travaillera à plein temps sur l'enquête :
Les deux boîtes noires du MD83, qui sont d'anciens modèles à bande magnétique, le FDR (Flight Data Recorder) et le CVR (Cockpit Voice Recorder) ont été remises le par les autorités maliennes aux enquêteurs français[10] qui les ont transférées scellées sous escorte de gendarmerie le au laboratoire du BEA de Brétigny-sur-Orge. Si le FDR (placé en queue de l'appareil) a pu être lu sans difficultés, le CVR (placé dans la soute électronique avant de l'avion) semble avoir souffert de l'impact[11].
Le , lors de la présentation de la commission d'enquête à la presse par son président N'faly Cisse, Rémi Jouty le directeur du BEA a expliqué que la bande magnétique du CVR froissée et rompue[12] a été réparée mais ne pourra probablement jamais parler, en raison d'une défaillance technique antérieure à l'accident. Les signaux ont été qualifiés d'« inexploitables » par les experts. La compagnie aérienne Swiftair pourrait être mise en cause pour non-respect du programme de maintenance de l'avion et manquement au certificat de navigabilité[réf. nécessaire].
Une trajectoire modélisée et provisoire de la chute de l'appareil a été présentée par le BEA en fonction des paramètres recueillis par le FDR. On y observe que le MD83 s'établit en croisière au FL310 après avoir atteint le top of climb (fin de montée), accélère jusqu'à Mach 0,74 (850 km/h environ). C'est alors que pour une raison inconnue, l'appareil perd de la vitesse, vire à gauche (vers l'ouest) à 160 kt. L'avion part en virage engagé sur l'aile gauche, et chute vers le sol en deux vrilles, pratiquement verticales, pour impacter le sol à 380 kt (700 km/h). À ce stade de l'enquête, les données du FDR n'ont pas toutes été exploitées et les experts ignorent encore à quelles contraintes latérales et verticales l'appareil a été soumis durant sa mise en palier. De même, aucune information n'a été donnée sur la conduite des moteurs[réf. nécessaire].
Le une seule famille de victimes française a déposé une plainte pour homicide involontaire avec constitution de partie civile[13]. Raphaëlle Agenie-Fécamp et Sabine Kheirisdes, deux juges d'instruction parisiennes, sont désignées pour diriger cette enquête.
Le rapporteur du BEA explique que « rien ne peut confirmer ou infirmer une piste terroriste » d'après les éléments recueillis dans l'enquête. Il a, en revanche, assuré que l'équipage « n'était pas fatigué et était doté d'une expérience africaine ».
Le responsable du BEA a présenté un pré-rapport très technique sur ce qu'ont dévoilé les boîtes noires de l'appareil. Il a ainsi expliqué que les systèmes de « pilotage automatique » avaient été « déconnectés », sans qu'il soit possible de dire si cela était dû à un problème technique ou humain.
L'enregistreur des conversations dans le cockpit ne fonctionnait pas normalement et « ne permet pas de comprendre les messages » échangés au sein de l'équipage. Quant à l'enregistreur des données de vol, il montre que l'appareil a été victime d'une « chute brutale » après un « ralentissement de ses moteurs » à son altitude de croisière. L'appareil était donc entier au moment de toucher le sol[13].
Environ 1 000 prélèvements d’ADN ont été effectués sur le site de l'accident (pour 116 victimes)[14],[15] par l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale. L'impact à grande vitesse a provoqué la mort instantanée de tous les passagers et membres d'équipage[15].
Les premiers éléments d’enquête du BEA sont dévoilés le [16] :
Après un décollage qui a lieu à 1 h 15, la montée jusqu'à l'altitude de croisière est réalisée sans événement significatif et l'équipage effectue plusieurs altérations de cap afin de contourner une cellule orageuse. Le pilote automatique et l'auto-manette sont engagés. L'avion atteint l'altitude de croisière de 31 000 ft, soit environ 9 500 mètres. Le pilote automatique passe alors en mode de maintien d'altitude et l'auto-manette en mode de maintien de vitesse (Mach).
Environ deux minutes après la mise en palier de l'avion à l'altitude de 31 000 ft, des calculs réalisés par le motoriste et validés par l'équipe d'enquête indiquent que la valeur enregistrée de l'EPR, paramètre principal de conduite des moteurs, est devenue erronée sur le moteur droit puis environ 55 secondes plus tard sur le moteur gauche. Ceci est vraisemblablement le résultat du givrage des capteurs de pression situés sur le cône de nez des moteurs. Si le système de protection contre le givrage des moteurs est activé, ces capteurs de pression sont réchauffés par de l'air chaud.
L'analyse des données disponibles indique que l'équipage n'a vraisemblablement pas activé ces systèmes au cours de la montée et de la croisière.
Du fait du givrage des capteurs de pression, l'information erronée transmise à l'auto-manette conduit cette dernière à limiter la poussée délivrée par les moteurs. Dans ces conditions, la poussée devient insuffisante pour maintenir la vitesse de croisière et l'avion ralentit. Le pilote automatique commande alors une augmentation de l'assiette de l'avion pour maintenir l'altitude malgré cette perte de vitesse.
C'est ainsi qu'à compter de l'apparition de l'erreur de mesure des valeurs d'EPR, la vitesse de l'avion a diminué de 290 à 200 kt en 5 min 35 s environ et l'incidence a augmenté jusqu'au décrochage de l'avion. Environ 20 secondes après le début du décrochage de l'avion, le pilote automatique est déconnecté. L'avion part brusquement en roulis à gauche jusqu'à atteindre 140° d'inclinaison, et à piquer jusqu'à 80°. Les paramètres enregistrés indiquent qu'il n'y a pas eu de manœuvre de récupération du décrochage réalisée par l'équipage. Cependant, dans les instants qui ont suivi le décrochage de l'avion, les gouvernes restent braquées dans le sens à cabrer et en roulis à droite.
Les pilotes sont saisonniers. Ils ont repris les vols le , après une période d'inactivité de 8 mois, sans stage de réadaptation. Pour cette raison, la justice française met en examen la compagnie Swiftair .
Pendant les 8 mois de l'année sans activité touristique, la copilote était puéricultrice en crèche, ce qui juridiquement n'enlève rien à sa qualité de pilote puisqu'elle était brevetée, mais ce qui sème le désarroi quant à l'absence de stage de réadaptation[17].
Passagers par nationalité[18] | ||
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Nationalité | Passagers et équipage | |
France | 51 | |
Burkina Faso | 28 | |
Liban | 6 | |
Espagne (équipage) | 6 | |
Algérie | 6 | |
Canada | 5 | |
Allemagne | 4 | |
Luxembourg | 2 | |
France Cameroun | 1 | |
France Chili | 1 | |
France Mali | 1 | |
Belgique | 1 | |
Nigeria | 1 | |
Égypte | 1 | |
Suisse | 1 | |
Royaume-Uni | 1 | |
Total à bord | 116 |
Le , le président de la République française François Hollande annonce qu'il n'y a « aucun survivant » parmi les 110 passagers et six membres d'équipage à bord de l'avion d'Air Algérie[19] et le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius annonce que les victimes sont 54 Français, de 21 familles, certains ayant une double nationalité et que les autres victimes sont de 14 nationalités[20].
Toute une famille française fut décimée sur plusieurs générations lors de ce crash[21], ainsi que 5 membres d'une autre famille (les parents et leurs trois fils)[22].
Parmi les milliers d'accidents d'avion - dont 197 ont fait plus de 100 victimes - celui d'Air Algérie est le seul à faire l'objet d'un hommage par la Mairie de Paris, une allée du parc de Bercy est dénommée « allée des 116-victimes-du-vol-AH-5017-du-24-juillet-2014 »[23].
L'appareil est un McDonnell Douglas MD-83 appartenant à la compagnie aérienne espagnole Swiftair, immatriculé EC-LTV[24].
Ses numéros de construction et de série sont respectivement 53190 et 2148 ; il a été construit en . Ses propriétaires, ou locataires opérateurs, ainsi que ses codes successifs, ont été :
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