Le Lockheed P-80 Shooting Star est le second avion de chasse à réaction conçu par les États-Unis (le premier étant l'Airacomet), le premier capable de dépasser 800 km/h en vol horizontal, et le premier jet américain à avoir remporté une victoire en combat aérien[1].
Pour les articles homonymes, voir P-80.
Lockheed P-80 Shooting Star
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Un P-80 en vol. | ||
Constructeur | Lockheed Corporation | |
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Rôle | Avion de chasse | |
Statut | Retiré du service | |
Premier vol | ||
Mise en service | ||
Date de retrait | ||
Coût unitaire | 110 000 $ (1945) | |
Nombre construits | 1 715 exemplaires | |
Équipage | ||
1 | ||
Motorisation | ||
Moteur | Allison J33-A-35 | |
Nombre | 1 | |
Type | Turboréacteur | |
Poussée unitaire | 24 kN | |
Dimensions | ||
Envergure | Sans réservoirs : 11,88 m | |
Longueur | 10,51 m | |
Hauteur | 3,43 m | |
Surface alaire | 22,07 m2 | |
Masses | ||
À vide | 3 712 kg | |
Avec armement | 5 538 kg | |
Maximale | 7 264 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 928 km/h (Mach 0,85) | |
Plafond | 13 868 m | |
Vitesse ascensionnelle | 1 973 m/min | |
Rayon d'action | 1 270 km | |
Armement | ||
Interne | 6 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm | |
Externe | 10 roquettes de 127 mm ou 2 bombes de 454 kg | |
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La société Lockheed avait commencé à étudier sur ses fonds propres un projet d'avion à réaction dès 1939, sous la désignation L-133. Faute d'intérêt de la part de l'USAAF, ce projet n'avait pas dépassé le stade de la planche à dessin. Fin 1942, le résultat des études préliminaires d'un P-59 Airacomet monoréacteur furent transmis à Lockheed, qui fut alors invité à proposer un avion conçu autour du réacteur anglais Halford H.1B. Un nouveau projet fut alors lancé, recevant la désignation interne L-140. Approuvé par l'USAAF en , il fit l'objet d'un contrat officiel au mois d'octobre, imposant un délai de réalisation de 180 jours.
Une équipe d'ingénieurs spéciale se mit au travail, dans un bâtiment séparé afin de maintenir le secret sur ce projet. Le développement de l'avion fut suffisamment rapide pour permettre de livrer un premier XP-80 en . Quelques problèmes furent cependant rencontrés sur le développement du réacteur : la société Allison tardait à mettre au point le J36 initialement prévu (un Halford H.1B construit sous licence)[2], aussi Lockheed proposa un projet L-141, plus gros, afin de permettre d'installer un General Electric I-40 (prototype du futur J33), et reçut l'autorisation d'en réaliser deux exemplaires.
Finalement équipé d'un Halford H.1B, nommé plus tard de Havilland Goblin, fourni par la société britannique de Havilland, le prototype XP-80 fit son premier vol le . C'est le premier avion à avoir été pressurisé par une prise d'air extérieur dans le réacteur (à 30 000 pieds, la pression dans la cabine était équivalente à celle éprouvée à 18 000 pieds)[3]. Son premier vol ne dura que 5 minutes, en particulier à cause d'un problème de rentrée du train d'atterrissage. Après la correction de quelques problèmes, le XP-80 atteignit finalement 807 km/h à 6 240 mètres d'altitude, devenant ainsi le premier avion américain à dépasser 800 km/h en vol horizontal. Après plusieurs campagnes d'essai, ce prototype fut finalement envoyé au musée en .
Construit en parallèle, le premier XP-80A équipé d'un General Electric I-40 fit son vol inaugural le . Cette version était plus grande (60 cm de plus tant en longueur qu'en envergure) et était plus lourde, ce qui imposa de renforcer le train d'atterrissage. Un second XP-80A, biplace celui-ci, fit son premier vol en . Il reçut par la suite, à titre expérimental, deux réservoirs en bout d'aile, dont on s'aperçut finalement qu'ils n'augmentaient pas la traînée aérodynamique et qu'ils amélioraient l'efficacité des ailerons.
Commandés en , les premiers exemplaires de présérie furent livrés à partir de . Le second YP-80A avait son armement remplacé par des caméras de reconnaissance.
Les débuts du Shooting Star furent difficiles : à la perte de cinq des treize YP-80A en moins d'un an, il faut également ajouter un taux d'accidents élevé sur les premiers F-80 de production. Ceci entraîna plusieurs interdictions temporaires de vol, afin de permettre de corriger quelques problèmes au niveau du réacteur. Cependant, beaucoup d'accidents étaient dus à des erreurs de pilotage. Une perte de puissance du réacteur au décollage coûta la vie au plus grand as américain de la Seconde Guerre mondiale, le major Richard Bong.
La première version de série fut le P-80A, équipée d'aérofreins sous le ventre et recevant quelques autres modifications mineures. En raison de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la commande initiale de 3 500 avions fut réduite à 917 exemplaires durant l'été 1945. Les premiers avions furent livrés avec un réacteur J33-A-9, d'une poussée de 1 748 kgp, qui fut rapidement remplacé par un J33-A-17, d'une puissance de 1 816 kgp. D'autres modifications furent apportées en cours de production. Une partie des P-80A produits furent convertis en avions de reconnaissance, recevant 3 caméras à la place des mitrailleuses, tandis qu'une centaine d'avions étaient construits dès le départ dans cette configuration. Enfin, après la guerre de Corée, près de 140 F-80A et RF-80A reçurent certaines des améliorations de la version F-80C.
Les livraisons de la version F-80B commencèrent en . Cette version était équipée d'un système d'injection d'eau-méthanol permettant d'augmenter temporairement la puissance du réacteur, d'un siège éjectable et d'un radio-compas. Un certain nombre reçurent un dégivreur de verrière et des huiles spéciales pour permettre leur déploiement en Alaska. Après la guerre de Corée, près de 120 F-80B reçurent certaines des améliorations de la version F-80C.
Le premier F-80C vola en , avec un réacteur plus puissant (J33-A-23 puis J33-A-35) et de mitrailleuses M3 améliorées. Pendant la guerre de Corée, les F-80C reçurent de nouveaux réservoirs en bout d'ailes contenant plus de carburant. Environ 75 exemplaires furent modifiés en avions de reconnaissance. Cinquante avions furent livrés à l'US Navy, pour lui permettre d'attendre l'arrivée de ses premiers avions à réaction.
Le P-80 entra en service dans l'armée de l'air américaine en 1945. Il commença à être transféré dans les unités de réserve au début des années 1950, avant d'être finalement réformé en 1958. Durant la seconde moitié des années 1950, un certain nombre d'exemplaires furent fournis d'occasion à différents pays d'Amérique du Sud, dans le cadre d'un programme d'assistance militaire. Parallèlement, la société Sperry fut chargée de convertir plusieurs dizaines de F-80 en drônes radiocommandés pour l'entraînement au tir, désignés QF-80. Certains furent, semble-t-il, également utilisés pour la collecte de mesures lors des essais nucléaires américains[réf. nécessaire].
La version biplace d'entraînement du F-80 a rencontré un succès considérable : désignée T-33 et surnommée T-Bird, elle a été construite à plus de 6 500 exemplaires et utilisée pour former les pilotes d'une trentaine de pays différents. C'est aussi l' avion sur lequel les deux pilotes imaginaires, Tanguy et Laverdure font leur formation dans les deux premiers tomes sur la base de Meknès, au Maroc. Elle a également servi de base à la conception du Lockheed F-94 Starfire.
En 1947, un P-80B fut chargé de battre le record mondial de vitesse, alors détenu par le Royaume-Uni avec le Gloster Meteor. Pour cela, une verrière profilée fut installée, de même qu'un réacteur J33 modifié atteignant une puissance de 2 088 kgp.
Désigné P-80R, cet avion atteignit 1 003,6 km/h le . Il est désormais exposé au musée de l'USAF.
Quatre YP-80A ont été envoyés en Europe dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale et ont effectué quelques missions opérationnelles, sans rencontrer d'avions ennemis. De même, une trentaine de P-80A ont été envoyés dans le Pacifique dans l'été 1945, mais n'ont pu être mis en œuvre avant la fin des combats contre le Japon.
Les F-80 ont été engagés pendant la guerre de Corée, où ils ont abattu 17 avions du camp adverse en combat aérien et détruit 24 au sol, avant d'être confrontés aux premiers MIG-15 face auxquels ils ne faisaient plus le poids, y compris à cause d'un armement inférieur (pas de canon). Les Shooting Star ont cependant remporté 6 victoires contre des MiG. En contrepartie, 277 F-80 ont été perdus pendant ces opérations, 113 par des tirs venant du sol, 14 en combat aérien, le reste lors d'accidents[4].
(versions monoplaces uniquement)
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