Le Grumman F11F-1F Super Tiger (désignation interne à la compagnie G-98J) était un chasseur monoplace américain initialement développé par la Grumman Aircraft Engineering Corporation pour le compte de l'US Navy. Dérivé du F-11 Tiger du même constructeur (également utilisé par la Navy), son programme de développement ne dépassa pas l'étape de la production de deux prototypes.
Grumman F-11F-1F Super Tiger
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![]() Le premier des deux prototypes du F11F-1F (no 138646), en vol en 1956. | ||
Constructeur | ![]() |
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Rôle | Chasseur[1],[2] | |
Statut | non produit, resté au stade de prototype | |
Premier vol | ||
Nombre construits | 2 prototypes | |
Dérivé de | Grumman F-11 Tiger | |
Équipage | ||
1 pilote | ||
Motorisation | ||
Moteur | General Electric J79-GE-3A | |
Nombre | 1 | |
Type | Turboréacteur à simple flux et postcombustion | |
Poussée unitaire | • À sec : 53,3 kN • Avec PC : 75,6 kN |
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Dimensions | ||
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Envergure | 9,65 m | |
Longueur | 14,85 m | |
Hauteur | 4,36 m | |
Surface alaire | 23,25 m2 | |
Masses | ||
À vide | 6 277 kg | |
Avec armement | 9 561 kg | |
Maximale | 11 833 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 2 253 km/h (Mach 2,04) | |
Plafond | 19 980 m | |
Rayon d'action | 913 km | |
Charge alaire | 269,97 kg/m2 | |
Rapport poussée/poids | 1,20 (avec PC) | |
Armement | ||
Interne | 4 canons Colt Mk.12 (en) de 20 mm (approvisionnés à raison de 125 obus chacun) | |
Externe | 4 points d'emport pour missiles air-air AIM-9 Sidewinder | |
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Comme évolution du chasseur F11F-1 (F-11A), la compagnie Grumman proposa une version plus avancée F11F-2 de cet avion, rapidement redésignée sous le nom de F11F-1F Super Tiger. Cet appareil était le résultat d'un étude menée en 1955 pour l'installation d'un turboréacteur General Electric J79 à l'intérieur de la structure du F11F. La marine américaine se montra suffisamment intéressée pour autoriser la modification de deux F11F-1 de production avec des entrées d'air élargies et l'installation de moteurs YJ79-GE-3, l'appareil ainsi modifié recevant la désignation de F11F-1F, indiquant alors la présence d'un F11F-1 avec une installation moteur particulière.
Le nouvel avion vola pour la première fois le , atteignant la vitesse de Mach 1,44 au cours d'un des vols. Après l'ajout de congés à 60° sur l'emplanture des ailes, un allongement du fuselage de 35 cm et l'installation d'un J79 amélioré, le F11F-1F atteignit un impressionnant Mach 2,04 en 1957, devenant ainsi le premier avion naval au monde à dépasser la vitesse de Mach 2, deux ans avant les F4H, F8U-3 et A3J. Cette performance fut une surprise même pour son constructeur, qui ne s'attendait qu'à une vitesse maximale de Mach 1,4 en altitude[3]. En comparaison, le F11F-1 avec son moteur Wright J65 avait eu des difficultés à dépasser Mach 1,1. Pourtant, la Navy jugea l'appareil trop lourd pour ses porte-avions et ne passa aucune commande, ainsi le Super Tiger n'entra jamais en production.
Bien que le plafond nominal de l'avion ait été établi à 59 000 pieds (17 983 m), un vol d'essais effectué le à partir de la base aérienne d'Edwards établit un record d'altitude à 76 938 pieds (23 450,70 m).
Le Super Tiger n'étant jamais entré en service, on ne peut parler à son sujet de « carrière opérationnelle ». Toutefois, après l'échec de la signature d'un contrat avec la marine américaine, la compagnie Grumman tenta de vendre l'avion à des clients étrangers sous la désignation d'usine G-98J-11, avec un réacteur General Electric J79-GE-7 encore plus puissant. À l'occasion d'un appel d'offres pour équiper les forces aériennes suisses, le Super Tiger dépassa en performances les Saab 35 Draken, Lockheed F-104 Starfighter, Dassault Mirage III et Fiat G.91. Le Mirage III fut finalement choisi car il représentait une alternative moins coûteuse et plus sûre à l'avion américain, et était également très proche en matière de performances[4],[5]. Afin d'intéresser les Allemands, Grumman proposa l'installation d'un turboréacteur Rolls-Royce Avon de 46,70 kN de poussée à la place du J79 d'origine[6].
La Luftwaffe, la force aérienne d'autodéfense japonaise et la Royal Canadian Air Force montrèrent un intérêt considérable pour cet avion, mais finalement le F-104 Starfighter lui fut préféré dans chacun des cas. Ce résultat fut cependant marqué par l'éclatement de l'« affaire Lockheed », un énorme scandale international qui révéla la mise en place d'un puissant système de corruption et le paiement de très grosses sommes d'argent par Lockheed, pour faire pression et influencer les politiciens de ces pays en vue d'imposer le Starfighter comme gagnant des diverses compétitions organisées[7].
Le premier F11F-1F (no 138646) fut utilisé pour l'entraînement à la lutte anti-incendie et détruit dans les années 1980. Le deuxième prototype fut retiré du service le et utilisé comme avion d'entraînement au sol. Il est préservé et exposé à l'extérieur au Naval Museum of Armament & Technology (en) de la base d'essais des armements de China Lake, en Californie.
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