Le Lockheed C-5 Galaxy est un avion de transport militaire lourd de l'USAF conçu par le constructeur aéronautique américain Lockheed. Sa vocation est le transport à longue distance de charges très lourdes, pour le soutien logistique d'un corps expéditionnaire.
Pour les articles homonymes, voir C5 et Galaxy.
Lockheed C-5 Galaxy
![]() | ||
![]() Un C-5 Galaxy en vol. | ||
Constructeur | ![]() |
|
---|---|---|
Rôle | Avion de transport militaire | |
Statut | En service | |
Premier vol | ||
Mise en service | ||
Nombre construits | 131 exemplaires | |
Équipage | ||
9 membres | ||
Motorisation | ||
Moteur | General Electric TF39-GE-1C, General Electric CF6-80C2 (après modernisation des C-5B et C) | |
Nombre | 4 | |
Type | Turboréacteur à double flux | |
Poussée unitaire | 191 kN, CF-6 : 230 kN | |
Dimensions | ||
![]() | ||
Envergure | 67,88 m | |
Longueur | 75,54 m | |
Hauteur | 19,85 m | |
Surface alaire | 576 m2 | |
Masses | ||
À vide | 153 000 kg | |
Maximale | 450 000 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 855 km/h (Mach 0,79) | |
Vitesse de décrochage | 217 km/h | |
Plafond | 10 900 m | |
Vitesse ascensionnelle | 549 m/min | |
Rayon d'action | 13 742 km | |
modifier ![]() |
Lorsqu'il fait son premier vol en 1968, il est le plus gros avion du monde, à la fois en longueur, en masse maximale au décollage, et en charge utile. Le développement de cet avion, dont l'USAF est resté l'unique utilisateur, a été confronté à des difficultés techniques considérables, donnant lieu à des dépassements de budget record. Il a néanmoins durablement influencé l'industrie aéronautique, notamment en matière de motorisation.
Produit à 131 exemplaires, le C-5 a joué un rôle important et central dans la logistique de tous les conflits dans lesquels les États-Unis ont été impliqués depuis la Guerre du Viêt Nam.
La logistique militaire se définit comme l'ensemble des moyens permettant de déployer et maintenir une force armée. Cela comprend le transport de troupes, de vivres, de matériel et de munitions, la maintenance des équipements, le soutien médical, et les télécommunications. Les moyens de transports, qu'ils soient routiers, ferroviaires, aériens ou maritimes, en sont l'élément capital[1].
Balbutiant jusque-là, la transport aérien militaire voit son importance solidement établie lors de la seconde guerre mondiale. Néanmoins, les États-Unis ne disposent que d'avions civils légèrement modifiés pour un rôle de transport militaire, Douglas C-47 Skytrain par exemple. Juste après la fin du conflit, l'USAF met en service son premier avion conçu spécifiquement pour le transport militaire : le Fairchild C-82 Packet. Cet avion à la structure bipoutre se charge grâce à une rampe à l'arrière du fuselage, caractéristique nouvelle appelée à se généraliser[2]. En 1948, le Pont aérien de Berlin illustre la valeur stratégique du transport aérien[3].
L'USAF se dote d'avions-cargos de plus en plus lourds : Douglas C-74 Globemaster, Douglas C-124 Globemaster II, puis Douglas C-133 Cargomaster qui est doté turbopropulseurs. Le C-133 n'a pas une carrière très longue à cause de problèmes de fatigue structurelle, mais représente un saut en matière de capacité de transport. Il possède une voilure en position haute, qui facilite l'opération de l'avion sur des terrains mal entretenus. Le train d'atterrissage se loge dans des carénages qui protrudent sur le bas du fuselage, ce qui évite d'avion une zone relevée dans le plancher de la cabine. Là encore, c'est une caractéristique qui s'inscrit durablement dans la conception des avions-cargos militaires. La cabine est en outre pressurisée pour le transport de trouves[4].
Appartenant à une autre catégorie, en tant que transport tactique, le Lockheed C-130 Hercules, mis en service en 1957 (et dont des versions sont encore en production, 65 ans plus tard), est l'avion-cargo militaire qui fait référence, par son évolutivité, sa longévité, le nombre d'opérateurs et le nombre d'exemplaires produits. Il possède lui aussi une rampe de chargement à l'arrière (permettant aux véhicules d'entrer et sortir par leurs propres moyens), une aile haute, des carénages pour loger le train d'atterrissage, et une pressurisation de cabine indépendance de celle du cockpit[5]. Le Boeing C-135 Stratolifter, le premier avion-cargo à réaction de l'USAF, rejoint la flotte en 1961.
Le Lockheed C-141 Starlifter entre en service en 1965. C'est un cargo à vocation stratégique, ressemblant à certains égards à une version très agrandie du Hercules, quadriréacteur, utilisant des moteurs JT3D similaires à eux utilisés sur la plupart des Boeing 707 et Douglas DC-8[6]. Bien que de dimensions beaucoup plus modestes, le C-141 préfigure assez largement le C-5, leur conception aérodynamique est proche[7].
Pour remplacer les anciens Douglas C-133 Cargomaster, le commandant du Military Air Transport Service (en) (MATS) demande le un nouvel avion de transport stratégique. L'US Air Force lança en le programme CX-HLS (pour Cargo Experimental-Heavy Logistics System) qui est approuvé par le Secrétaire à la Défense des États-Unis Robert McNamara le . Le cahier des charges du futur appareil était en partie basé sur les caractéristiques du Lockheed C-141 Starlifter : ailes hautes, dérive en T, quadrimoteurs mais avec la capacité d'atterrir sur des pistes similaires (2 438 m au décollage et 1 219 m à l'atterrissage). La charge maximale était portée à 100 tonnes maximum et 51 tonnes en moyenne pour une autonomie respective de 6 000 et 10 000 km. Le nouvel appareil doit être capable de transporter des véhicules comme des MBT ou des pièces d'artillerie lourde, dont le transport n'était, jusque là, possible que par la mer[8].
L'objectif est alors d'avoir en 1970 cinquante de ces avions cargos géants qui avec une flotte de 250 C-141 permettrait de multiplier la capacité d'emport du MATS par six. Par exemple, en , le MATS avait déplacé 15 500 soldats et leur équipement du Texas en Allemagne de l’Ouest en utilisant 234 C-118 et C-124 en 63 heures. En comparaison, 42 C-5A pourraient faire le même travail en seulement 13 heures.
Cinq constructeurs soumettent des offres préliminaires à l'USAF en 1964 : Boeing, Lockheed, Douglas, Martin Marietta, et General Dynamics (via sa division Convair). Les trois premiers sont retenus pour procéder à une étude beaucoup plus détaillée, financée, sur une durée d'un an. Le cahier des charges de l'USAF étant très directif, les avions proposés sont très similaires, ayant tous la même configuration générale : quatre réacteurs sous des ailes en position haute, un cockpit situé au-dessus du nez de l'avion, etc. Le , le contrat est attribué à Lockheed[9]. Boeing réutilise assez largement les études faites sur sa proposition pour développer son 747, bien qu'il ait une configuration différente[10].
Le surnom de l'appareil choisi lors d'un concours interne de Lockheed, Galaxy, a été trouvé par un employé, L. L. Kitchens. Il est adopté le [11]. C'est une tradition, chez Lockheed, de puiser dans le champ lexical de l'astronomie pour nommer les avions : voir Constellation, Electra, Sirius, etc[12].
Le cahier des charges de l'US Air Force, dans sa version finale au printemps 1964, exige que l'appareil se contente de quatre réacteurs. Étant donné sa taille, cela signifie qu'il faut développer un moteur d'une poussée au décollage de l'ordre de 200 kN, ce qui est gigantesque pour l'époque[13]. En comparaison, les moteurs du C-141 développent 90 kN chacun. Initialement, trois motoristes sont candidats au développement d'un moteur pour CX-HLS : Pratt & Whitney, General Electric et Curtiss-Wright, ce troisième est vite écarté. GE et PW sont financés pour développer des prototypes de moteurs, et finalement GE remporte le contrat. Son TF9 qui motorise le C-5 représente un bond considérable par rapport à tous les turbofans préexistant, que ce soit par sa poussée maximale, son taux de compression, son taux de dilution, et la température atteinte en sortie de la chambre de combustion. Ce réacteur sert de base au CF6 civil. De même, Pratt and Whitney adapte au marché civil le moteur qu'il avait développé en compétition, pour en faire le JT9D. Ces deux familles de réacteurs motorisent ensuite les gros-porteurs civils : 747, DC-10, MD-11, A300, A310. Le programme CX-LHS a ainsi, indirectement, influencé pour des décennies l'aviation civile[14].
Lockheed est engagé, par contrat, à ce que le poids à vide de l'avion soit inférieur à 137 tonnes. Si ce poids est dépassé, le constructeur sera pénalisé financièrement. Cette limite se révèle extrêmement difficile à tenir, et force les ingénieurs à alléger à outrance la structure, en particulier celle des ailes, dont les longerons sont conçus pour un niveau de contraintes 40% supérieures à ceux du C-141[15].
Le premier vol du C-5A, (numéro d'immatriculation 67-017) eut lieu le depuis l'usine Lockheed Martin de Marietta où il a été assemblé, le C-5A Galaxy était alors le plus gros avion du monde, en longueur et en masse maximale au décollage (son envergure est légèrement inférieure à celle du B-36). Rapidement, quelques problèmes aérodynamiques apparaissent, en particulier le nombre de mach de divergence de trainée est plus bas que prévu[15].
Un problème bien plus grave se pose concernant la structure des ailes : en 1969, lors des tests sur la cellule dédiée aux essais au sol, l'aile se rompt à 125% de sa charge nominale, alors qu'elle doit résister jusqu'à 150 %. Dans les années suivantes, l'examen des avions déjà en service montre que la fatigue structurelle des ailes, et dans une moindre mesure du fuselage, et bien plus rapide que prévu. Des études probabilistes sont menées, et il est estimé quasiment sûr (90% de probabilité) que sur les 79 avions produits, moins de 8 atteindront leur durée de vie estimée (19000 heures de vol) sans que des fissures n'apparaissent dans la structure des ailes[15].
En matière de dépassements budgétaires, le C-5 établit une première historique : pour la première fois, le coût d'un programme militaire dépasse son budget initial d'un milliard de dollars courants[16]. Les dépassements de budgets, cumulés au coût opérationnel de l'appareil, valent au C-5 d'être surnommé par les pilotes FRED pour Fucking Ridiculous Economic Disaster[17].
Henry Durham, cadre de Lockheed, alarme publiquement sur le déroulement du programme C-5, notamment sur l'utilisation d'alliages de mauvaise qualité. Cela lui fait perdre ses responsabilités au sein de l'entreprise jusqu'à devoir démissionner. Quelques années plus tard, en 1974, il reçoit un prix de l'American Ethical Union, association luttant (entre autres) contre la corruption[18],[19].
L'USAF réceptionne son premier exemplaire (no d'immatriculation 68-0212) le et le Military Airlift Command (en) (MAC, nouvelle désignation du MATS depuis le ) reçoit son premier C-5A opérationnel (no d'immatriculation 68-0212) le ) sur l'Aéroport international de Charleston. 76 sont en service en et représentent la moitié de la capacité totale de transport du MAC[20].
Les quatre réacteurs à haut taux de dilution, de type TF39, les plus puissants du monde au moment où l'avion est entré en service, sont placés très haut par rapport au sol, ce qui permet à l'avion d'utiliser des pistes non-préparées sans que ses moteurs ne risquent d'avaler des objets étrangers. Les inverseurs de poussée n'agissent que sur le flux froid (l'air non brûlé venant de la soufflante), mais ont tout de même une bonne efficacité de 57% (c'est-à-dire que la poussée inverse maximale est égale à 57% de la poussée maximale au décollage)[21].
L'aile haute, en flèche, est très grande : la Surface alaire du C-5 est de 576 m2, ce qui dépasse n'importe quelle version du Boeing 747[22]. L'avion ayant besoin de bonnes performances à basse vitesse, la flèche de l'aile est modérée, à 25°[7]. La structure de l'aile est construite autour de trois longerons dans la partie intérieure, le longeron central s'arrête entre les deux moteurs. La cage délimitée par les longerons contient les réservoirs de carburants[23]. L'aile du C-5 se caractérise par une très grande flexibilité. En effet, tous les avions voient leurs ailes se courbe vers le haut, sous l'effet de la portance, en vol. Mais sur le C-5, cette flexion est énorme. Si, en stationnement, les ailes sont inclinées avec un dièdre négatif (donnant un aspect assez caractéristique à l'appareil), elles sont pratiquement horizontal en vol, l'extrêmité des ailes monte d'environ 360 cm. C'est ce qui explique les problèmes catastrophiques sur les premières ailes des C-5A et leur remplacement[24].
La soute s'étend sur toute la longueur de l'avion, afin d'y accéder à la fois par la porte avant et la rampe arrière, ce qui permet un chargement et un déchargement plus rapides.
La porte avant s'ouvre d'une façon un peu similaire à la visière d'un casque : elle pivote autour de deux points d'attache latéraux, sur les côtés du fuselage. Elle est actionnée par un système hydraulique placé au centre. Une fois la porte ouverte, une rampe en trois segments est dépliée[21].
Le cockpit du C-5A est placé très haut, sur un pont supérieur. Ce point de conception est imposé par la demande de l'USAF, qui voulait pouvoir charger l'avion par l'avant. Les propositions concurrentes au programme CX-HLS présentaient cette même caractéristique, de même (pour la même raison) que le Boeing 747 et l'Antonov An-124[25]. Le cockpit est immense, car il est prévu pour jusqu'à sept membres d'équipage : deux pilotes, deux mécaniciens navigants, et trois chefs de soute[26]. En arrière du cockpit se trouve une petite cabine destinée à l'équipage. Elle permet d'emporter une quinzaine de personnes supplémentaires, pour assurer des rotations lors des longs vols. Le pont supérieur se prolonge, en arrière des ailes, par une cabine passagers. Elle dispose de 73 sièges, disposés en rangées de six, de façon similaire à la cabine d'un avion de ligne, mais il n'y a pas de hublots et les sièges sont tournés vers l'arrière de l'appareil[27].
Le C-5, comme l'An-124 soviétique, possède un nombre très élevé de roues de train d'atterrissage : au total 28 pneus. La conception du train est remarquablement complexe. Le train principal comprend quatre jambes, portant chacune six roues, dont la disposition est inhabituelle : elles ne sont pas alignées en deux rangées, mais réparties en trois paires portées par une structure en "Y". Le train principal se replie dans les carénages le long du fuselage, et, pour limiter l'encombrement, chaque jambe pivote de 90° sur elle-même en se repliant. De plus, elles peuvent, en cas d'atterrissage par fort vent latéral, s'orienter de 20° dans une direction ou l'autre[28]. Le train avant a une capacité d'orientation énorme (60° dans chaque direction) ce qui permet à cet avion énorme de procéder à des manœuvres au sol sur un espace limité[21].
Le train avant comporte quatre roues, alignées. Les amortiseurs du train du C-5 sont pilotables comme des vérins. Cela donne à l'avion la capacité de « s'agenouiller », c'est-à-dire que, lorsque l'avion est stationné, il est possible de réduire la garde au sol, pour faciliter le chargement et le déchargement[29]. Il est également possible de relever une seule jambe du train, pour permettre aux équipes de maintenance de changer une roue sans avoir besoin de surélever l'appareil avec un cric. La pression des pneus est contrôlable en vol, cela permet de préparer l'avion à toute sorte de terrain : augmenter la pression pour une piste bétonnée, la réduire pour une piste en terre[21].
L'appareil possède deux réseaux électriques. Le réseau principal en courant alternatif est alimenté, en vol, par quatre génératrices d'une puissance unitaire de 60 kVA, entraînées par les réacteurs via des mécanismes d'entraînement à vitesse constante (afin de produire de l'électricité d'une fréquence constante de 400 Hz, indépendamment du régime des moteurs). Il y a une importante redondance ici, l'ensemble des systèmes vitaux peuvent être alimentés par une seule génératrice. Le réseau secondaire est en courant continu à 27 volts, et est alimenté par deux redresseurs depuis le réseau principal[21].
Il y a deux groupes auxiliaires de puissance, qui sont situés dans les carénages du train d'atterrissage, et qui permettent d'alimenter tous les systèmes au sol, avec les réacteurs coupés. Celui de droite actionne une génératrice électrique, identique à celles des réacteurs. Celui de gauche alimente le réseau hydraulique[21].
Tout le carburant est stocké dans les ailes, dans douze réservoirs structuraux, pour un total de 185 mètres cubes. Un collecteur parcourt chaque aile sur toute la longueur et est utilisé pour tout transfert de carburant : non seulement l'alimentation des moteurs, mais aussi le transfert d'un réservoir à l'autre et au besoin le délestage. Les pompes électriques centrifuges sont au nombre de 24 (deux par réservoir), elles sont accessibles par des trappes qui permettent de les remplacer au sol, sans devoir vidanger les réservoirs — c'est ici aussi un exemple de choix technique facilitant la maintenance sur une base avancée —. Le ravitaillement au sol se fait par quatre vannes situées dans les carénages du train[21].
Bien que déjà doté d'une autonomie considérable avec sa capacité d'emport de carburant (5 500 km à pleine charge pour un C-5B[26]), le Galaxy est capable d'être ravitaillé en vol. Pour cela, il est équipé d'un réceptacle en arrière du cockpit, sur le dessus du fuselage, pour un ravitaillement par la méthode de perche télescopique. Cette capacité donne non seulement plus de souplesse d'utilisation à un avion qui, de par sa taille, ne dispose pas d'un choix illimité d'aéroports où se ravitailler, elle augmente aussi sa capacité d'emport : il peut réduire son chargement de carburant au décollage pour emmener des charges extrêmement lourdes sans dépasser sa masse maximale au décollage, et être ravitaillé peu après son départ[30].
Pour se prémunir des missiles air-air ou surface-air, les C-5 sont dotés de systèmes de contre-mesures. Absents à l'origine, ces équipements ont été testés sur C-5 à partir de 1995, puis installés largement à la fin des années 2000. Il s'agit d'un système de détecteurs de départ de missile de type Marconi AN/AAR-47, qui détecte par infrarouge les missiles ennemis, couplés à des lanceurs de leurres AN/ALE-47. Ce système vise à égarer les missiles en lançant d'une part des engins pyrotechniques (pour les missiles à guidage infrarouge) et d'autre part des paillettes, c'est-à-dire de fines feuilles métallisées (pour les missiles à guidage radar)[31],[32].
La soute du C-5 représente un volume total de 1 200 m3 ; elle est organisée en deux ponts. Le pont supérieur comprend un espace aménagé pour 15 passagers, incluant un double équipage. Celui-ci comprend le pilote, le copilote, deux mécaniciens de vol et trois responsables des charges. La section arrière du pont supérieur peut aussi être adaptée pour accueillir 73 passagers supplémentaires. Le pont inférieur peut être aménagé pour 270 passagers mais dans des conditions de confort inférieures à celles du pont supérieur.
On accède à la soute par deux rampes d'accès : la première se situe à l'avant, une fois le nez de l'appareil relevé. Elle permet le chargement de charges volumineuses et lourdes. La seconde se trouve à l'arrière et permet le chargement des palettes et des véhicules légers. Elle est aussi utilisée pour le parachutage d'hommes et de matériel. La capacité de charge du C-5A permet de transporter 136 080 kg sur une distance de 5 526 km, soit au choix :
Sa capacité d'aérolargage est donnée à 27 tonnes.
Exemples de chargement. | |||||||||
|
Une étude du Center for Defense Information sur le coût de l’heure de vol des avions de l'USAF déclare les chiffres suivant pour le C-5[34] :
Année | Coût du C-5A | Coût du C-5B |
---|---|---|
2001 | 42 646 $ | 32 636 $ |
2002 | 26 046 $ | 24 524 $ |
2003 | 28 490 $ | 27 173 $ |
2004 | 35 375 $ | 31 827 $ |
2005 | 34 863 $ | 37 625 $ |
2006 | 41 712 $ | 40 356 $ |
2007 | 48 099 $ | 40 164 $ |
2008 | 47 680 $ | 47 680 $ |
2009 | 45 677 $ | 41 236 $ |
2010 | 47 819 $ | 49 060 $ |
Ces avions ont un coût de l'heure de vol très nettement supérieur à celui de l'autre transport stratégique de l'USAF, le C-17, dont les chiffres varient de 17 192 à 22 360 $ durant la décennie 2000[34].
Le C-5A est la version de production initiale. Le , le premier est livré à l'USAF. 81 exemplaires sont construits dont le dernier est livré en . De 1981 et 1986, 77 appareils (quatre ayant été retirés consécutivement à des accidents, dont deux furent transformés pour la NASA) sont équipés d'une nouvelle voilure, construite dans un alliage plus résistant qui n'était pas disponible dans les années 1960, en correction du problème de fatigue prématurée. Les appareils retrouvent ainsi leur pleine capacité de transport[35].
Après l'élection de Ronald Reagan en 1980, des moyens considérablement accrus sont accordés aux militaires, et les moyens logistiques en profitent largement. Parmi les programmes lancés, la construction d'une nouvelle série de C-5 figure en bonne place. Ce sont les C-5B, version modernisée au niveau de l'avionique (radar notamment) et des moteurs, et intégrant de série les améliorations sur la structure qui avaient été apportées a posteriori sur les C-5A. Les 50 appareils de ce type ont été livrés de 1986 à 1989[36].
Deux exemplaires de C-5A (68-0213 & 68-0216) qui avaient été endommagés dans des accidents ont été modifiés en 1988 pour permettre l'emport de satellites et d'équipement spatiaux pour la NASA. Le logement passager en partie supérieur arrière est supprimé et la porte arrière en 4 parties (rampe inférieur, porte supérieur et porte latérale gauche et droite) est remplacé par 2 demis coquilles, elles-mêmes divisées en 2 éléments (gauche et droite) et la rampe inférieure. Ils reprennent le service en 1989 et 1990[37]. Ils deviennent des C-5M SCM en recevant les mêmes modernisations que le reste de la flotte[38].
Le , le commandant de l’AMC signe l’ordre de remotorisation des 50 C-5B, et ultérieurement de 76 C-5A, et le , Lockheed Martin reçoit un contrat de 1,1 milliard de dollars pour l'amélioration de la fiabilité et la remotorisation du C-5 pour qu'il puisse rester en service jusqu'en 2040. Quatre premiers appareils reçoivent des réacteurs CF6. Le , le premier appareil avec une nouvelle avionique prend son envol. Le coût de mise à jour de l'ensemble de la flotte est estimé à 13 milliards de dollars[réf. nécessaire].
Le 52e et dernier C-5M, seule version en service, a été remis à l'USAF le [39].
Version modernisée de C-5A, C-5B et C-5C avec une nouvelle avionique et de nouveaux moteurs General Electric CF6-80C2-L1F, désignés F138 par les militaires, ces moteurs offrent une augmentation de 22% de la poussée, un roulement au décollage de 30% plus court, un taux de montée de 58% plus rapide, et permet de transporter beaucoup plus de marchandises sur de plus longues distances. De plus, leur maintenance est moins coûteuse que celle des anciens TF39, notamment parce qu'il s'agit d'un modèle répandu dans le monde civil (sur les gros-porteurs), d'où une large disponibilité des pièces. Une autre partie du plan de modernisation du C-5 était un programme complet d'amélioration et de réaménagement de la fiabilité. Il est appelé « Super Galaxy ». Le premier C-5M de série a effectué son premier vol le . Il entre en service actif en 2014 après de longs essais. Le C-5M est censé rester en service jusqu'en 2040. L'USAF a porté un total de 52 C-5 à ce standard, le dernier durant l’année fiscale 2018. Le dernier C-5 non modernisé est retiré en [40],[41]. et a été livré à l'US Air Force sur la base aérienne de Dover le [42].
En 1965, les responsables de Lockheed envisagèrent une version civile de l'avion, destinée au marché du fret. Connu sous la désignation de L-500, cet avion devait être propulsé par quatre Pratt & Whitney JT9D-7 mais il ne dépassa jamais le stade de la maquette. Lockheed tente en particulier de le promouvoir auprès de l'industrie automobile : un L-500 aurait pu transporter 55 voitures et était promu comme un moyen d'accélérer les livraisons de voitures neuves vers les concessions[43].
En 1974, l'Iran propose de financer le redémarrage de la production du C-5 pour en équiper sa propre armée de l'air. La commande n'est jamais concrêtisée, et la révolution islamique met évidemment fin à cette possibilité[44].
Le , au-dessus de l'océan Pacifique, un C-5A, immatriculé 69–0014, procède à un essai de largage et tir en vol d'un missile LGM-30 Minuteman. Seul le premier étage du missile est actif. Largué à 6 100 m d'altitude, le missile tombe, ralenti par des parachutes, jusqu'à 2 400 m, avant d'être mis à feu pour effectuer un vol parabolique. Cette expérience démontre la faisabilité de tirer un missile balistique intercontinental depuis un avion, une solution susceptible de diminuer sa vulnérabilité à une attaque préventive. Cependant, l'idée se heurte à des difficultés considérables, notamment en matière de sûreté[45]. Ce système n'est jamais testé plus avant ni déployé, mais il fournit une monnaie d'échange supplémentaire dans les négociations des accords SALT sur la limitation des armements stratégiques, où les États-Unis renoncent à le mettre en service[46].
Dans le cadre du développement de la Navette spatiale américaine, la NASA a besoin d'un avion capable de convoyer l'orbiter, mais aussi de le larguer en vol pour les essais en vol plané. Il y a deux propositions sur la base du C-5. L'une consiste à transporter la navette sur le dos d'un Galaxy modifié. L'autre est bien plus étrange, puisqu'elle propose un avion bipoutre couplant deux fuselages de C-5, reliés par un tronçon d'aile sous lequel la navette est attachée. Ces propositions sont écartées et finalement le Shuttle Carrier Aircraft est réalisé sur base de Boeing 747[47].
L'appareil a été utilisé au Viêt Nam, pendant la guerre du Kippour (1973), pendant l'opération française Bonite sur Kolwézi en 1978, ainsi que durant la guerre du Koweït (1990-1991) et la guerre en Irak depuis 2003.
Les États-Unis sont le seul pays à avoir acquis des C-5 pour le compte de l'US Air Force (USAF).
125 l'étaient en 2004. Ils sont alors répartis au sein des escadrons suivants. Une partie des escadrons ont été convertis sur C-17 depuis.
Le C-5 entre en service opérationnel en 1970 et est immédiatement mis à contribution pour le soutien logistique dans le cadre de la guerre du Viêt Nam. Les C-5 transportent du matériel, des munitions et des troupes à travers le pacifique. Ils prennent aussi part à l'évacuation à la fin du conflit. À ce moment, l'un d'entre deux s'écrase (Accident de Tan Son Nhut, le ), tuant 140 orphelins de guerre qu'il évacuait (Opération Babylift). C'est le seul C-5 à avoir été détruit pendant un conflit[60].
Il sert quotidiennement pour le transport de lourdes charges comme pour l'opération Provide Hope d'aide humanitaire (denrées alimentaires et matériel médical) vers l'ex-Union soviétique. Il y a 19 rotations de C-5 dans le cadre de Provide Hope I, en février 1992, et 36 pour Provide Hope III, en octobre de la même année. Les autres avions utilisés sont des C-141 et des C-130[61].
Pendant les opérations Bouclier du désert et Tempête du désert, les C-5 transportèrent 18,6 % du matériel et 42 % des troupes, ils totalisèrent 15 800 missions avec 498 000 passagers. C'est cette très grande capacité d'emport qui fait du C-5 encore aujourd'hui l'un des piliers de l'armée américaine malgré son fort coût d'entretien.
À plusieurs occasions, les C-5 ont volé comme soutien logistique pour des pays alliés, dans le cadre de conflits auxquels les Américains n'ont pas directement pris part.
Pendant la guerre du Kippour, des C-5 et des C-141 sont mobilisés pour livrer à Israël d'importantes quantités de matériel, de ravitaillement et de munitions, venant directement des États-Unis, ou des troupes américaines stationnées en Europe. Cette opération est appelée Nickel Grass. La capacité des C-5 permet de transporter des matériels aussi lourds que des chars M60 et des obusiers M109[62].
Pendant les préparatifs de la Bataille de Kolwezi en mai 1978, un C-5 est mis à la disposition des forces françaises, il transporte du matériel depuis la Corse, puis depuis une base française au Gabon, vers Lubumbashi[63].
Les C-5 ont aussi été mis à disposition de projets civils. Quelques exemples de telles opérations :
Le nouveau McDonnell Douglas C-17 Globemaster III est mis en service à partir de 1993. S'il a été conçu comme remplaçant du C-141, il a une capacité nettement supérieure à celui-ci (tant en masse qu'en volume) et reprend à son compte une part des tâches qui étaient celle du C-5[65]. Le C-17 est relativement économique en comparaison avec le C-5 : en 2013, son coût opérationnel à l'heure de vol est de 23 800 dollars, moins du tiers de celui du C-5[66]. En 2010, l'état-major annonce que pour dix C-17 entrant en service (en remplacement de C-141), un C-5 sera remisé[67].
En , il reste 125 appareils en service sur les 131 assemblés dans le Air Mobility Command qui a remplacé en 1992 le MAC. Le , la US Air Force a entériné la modernisation de sa flotte de C-5B Galaxy qui sont transformés en C-5M Super Galaxy. 52 exemplaires soit 49 C-5B, deux C-5C et un C-5A sont modifiées en ce standard[68] entre 2010 et 2017. Au , 31 -A, 29 -B, 2 -C et 10 -M soit 72 appareils sont en service[69]. Depuis 2018, les C-5M sont les seuls en service, 52 d'entre eux étant en service actif.
Malgré des débuts très chaotiques dans les années 1970, le C-5 Galaxy se caractérise par un faible taux d'attrition en plus de 40 ans d'activité : seuls huit accidents graves ont été répertoriés en 2018[70] dont un seul pendant un conflit militaire.
Sur les autres projets Wikimedia :